Nordland

Nous voilà à Narvik, au nord du Nordland ! 

Après avoir repéré les lieux et trouvé un bivouac parfait, nous commençons par une séance de bricolage. 

En effet le froid intense de ces derniers jours a eu un effet encore une fois désagréable. Un tuyau d’évacuation de 80 mm de diamètre est bouché. Vu la taille nous n’imaginions pas cela possible ! Après quelques tentatives infructueuses nous trouvons enfin la solution (nous aurions dû la trouver dès le début mais le froid doit ralentir les neurones): arroser le tuyau avec de l’eau chaude. Un branchement maison, une bonne ponction dans le gros réservoir d’eau chaude de Daou, et le problème est réglé. Et la température étant clémente (autour de 0°, merci le Gulf Stream) petit à petit tout se débloque (fenêtres,...).

Nous pouvons alors visiter tranquillement cette ville qui a été créée il y a à peine plus d’un siècle afin d’écouler le minerai de fer venant de Kiruna. Car ici, contrairement aux eaux suédoises en mer Baltique, les eaux sont libres toute l’année. 

La voie ferrée construite à l’époque sert toujours, et les cargos minéraliers passent à tour de rôle pour prendre leur cargaison de minerai.

Mais si Narvik a été construite pour le minerai et ne vit que de cela, c’est quand même une ville agréable. Apparement riche et vivante, au fond d’un fjord, au milieu d’un entrelacs de bras de mer, dominée par une montagne, nous aimons bien. 

De taille modeste (20000 habitants environ), surplombée par des pistes de ski éclairées,

elle est très commerçante (trois centres commerciaux !) et ici les magasins ouvrent souvent de 7:00 à 23:00, même le dimanche. Un petit musée et une superbe bibliothèque nous permettent de profiter du confort.

Nous avions constaté en Suède et en Finlande que les prix très élevés vus lors de nos précédents séjours en Scandinavie ne sont plus vraiment d'actualité, mais en Norvège c'est toujours le cas, du moins pour la nourriture. Etonnant d'ailleurs de voir que articles de bricolage, véhicules, logement et beaucoup d'autres choses sont à des prix peu éloignés des nôtres, alors que la nourriture est, à quelques exceptions près, deux à trois fois plus chère ! Ainsi, lorsque nous avons voulu tester des "chips" de poisson séché, nous avons opté pour le plus petit paquet, 4€ pour 25g, soit 160€/kg ! Ici notre stock constitué en France est très utile.

Lors de nos balades nocturnes 

nous constatons que la plupart des locaux mettent sur leurs poignets et leurs chevilles des bracelets réfléchissants. Et les chiens sont équipés d'une petite lampe ! Car ici il y a beaucoup de chiens qu'il faut sortir (ils ne sont pas livrés à eux-mêmes comme en Amérique du sud) et certains joignent l'utile à l'agréable en se faisant tirer en traineau par le toutou.

Inconvénient des alternances de température autour de 0°C, les phases gel-dégel se succèdent et malgré les dé-neigeuses qui travaillent inlassablement et répandent des gravillons, les trottoirs et les routes sont de véritables patinoires. 

Ici tous les véhicules ont des pneus cloutés, vraiment tous :

Sauf Daou, il faut donc redoubler de prudence. Point de vue taille de pneus nous sommes même franchement petits joueurs comparés à certains.

A pied ce n’est pas mieux et après deux glissades non contrôlées, Jean-Yves imite Martine -et beaucoup de locaux- en achetant des crampons à chaussures. Ici les personnes âgées, en plus des crampons, utilisent souvent des déambulateurs à longs patins genre traîneau, très pratiques pour assurer la stabilité.

Nous restons à Narvik plusieurs jours, espérant chaque soir que ce sera celui des aurores. Espoir à chaque fois déçu. Et pourtant les nuits sont longues puisque c’est ici que nous vivons notre journée la plus courte, le soleil ne passant l’horizon (virtuel car il est caché par la montagne) que 1h 40.

La météo annonçant du changement, nous reprenons la route, cette fois vers le sud, avec toujours de belles lumières

A Skarberget, premier ferry. 

Evidemment nous arrivons 10 minutes après le départ et devons donc attendre deux heures, ce qui ne poserait pas de problème en temps normal mais vu la durée du jour en ce moment, deux heures ça compte. Du coup, à peine descendus du ferry nous cherchons un coin pour la nuit. Bonne surprise, une maman élan et ses deux jeunes nous accueillent. 

Nous nous arrêtons dans un tout petit village de pêcheurs, 

sur le parking de l’église. Où plutôt sur la patinoire de l’église !

Martine ayant vu sur un site qu’il y aurait des aurores ce soir, nous positionnons Daou correctement et veillons. Et nos efforts sont finalement récompensés !

Une longue traînée verte apparait soudain, balayant tout le ciel du nord au sud. 

Pendant deux heures, nous admirons les variations, la traînée diminuant et changeant de forme lentement. Nous testons nos talents de photographes, avec succès après quelques essais. Ce qui n’était pas gagné car c’est la première fois que nous faisons ce genre de photos (pour les amateurs: sensibilité 1600 ISO, ouverture 3,3 et temps de pose 10 secondes).

Chance supplémentaire il ne fait pas froid (-5°C) et nous pouvons donc en profiter longuement.

Nous reprenons ensuite la route, toujours vers le sud, sur LA route. Pour relier le sud et le nord, pas le choix il n’y en a qu’une (la E6). Par moments elle est à peine digne d’une départementale française, parfois un peu mieux, mais toujours à 2x1 voie seulement. 

Sans compter les obstacles imprévus.

Et bien sûr la neige et la glace qui la recouvrent toujours. 

Nous sommes toujours surpris mais ça tient. Toutefois Jean-Yves ralentit en croisant les semi-remorques qui foncent allègrement. On se demande vraiment ce qui se passerait si l’un d’eux devait s’arrêter court. Et on préfère ne pas être là à ce moment ……..

Dans un village, un lavage haute pression est en fonction et Jean-Yves ne résiste pas à l'envie de décrasser Daou. Idée louable, mais par -11°C il ne faut pas utiliser la mousse détergente. Car elle gèle quasi instantanément, laissant un Daou pustuleux. 

Il faut ensuite insister longuement (eau seule !) pour chasser les plaques de mousse. On attendra donc encore un peu pour le rendre présentable.

Contrairement aux suédois et finlandais, les norvégiens n'ont pas adopté les armoires chauffantes dans les stations-services. Résultat il est plus compliqué de faire le plein d'eau, non pas qu'ils refusent, mais simplement parce que les robinets sont souvent gelés.

A Fauske, une tempête s'annonce, qui va durer deux jours. 

Même à l'abri du fjord, la mer est mauvaise. 

Et le refroidissement éolien est tel que faire le plein de gazole et d'eau est pénible (température réelle -5°C, ressentie -15°C/-20°C). Et le vent est si fort qu'il emmène Martine et la portière au-delà de ce qui est raisonnable.  Même en Patagonie nous avions évité ce genre de problème. Aussi à Bodø nous nous réfugions dans les galeries commerciales.

Sur la route les péages automatiques font leur apparition. A l'entrée des villes, et même loin de tout, des caméras enregistrent les véhicules. Les locaux sont ensuite débités directement sur leur compte. Nous retrouveront-ils ?

Au sud de Bodø, la route croise le Cercle Polaire sur un plateau, et nous décidons de nous arrêter sur ce point symbolique pour y passer la nuit. Mais 20 kilomètres avant, la route est fermée et des dizaines de poids lourds s'alignent sur le bord de la route.

Nous apprenons que la route sera peut-être ouverte vers 16:00. Peut-être ......

Il est 13:00, le jour va bientôt disparaître, nous décidons de nous poser là, ne voulant pas repartir de nuit, encore moins au milieu de dizaines de semi-remorques pressés. Coup de chance nous pouvons profiter de l’électricité et du wifi d'une entreprise installée en ce lieu perdu (dans des containers-bureaux-cuisine-dortoirs).

Toute l’après-midi et la soirée, les camions s’accumulent et ce n’est que vers minuit que la route est ouverte à la circulation.

Le lendemain nous reprenons la route mais la tempête étant encore active, la conduite est un peu délicate. Arrivés sur le plateau nous remercions la DDE locale d'avoir fermé la route la veille car le centre touristique du Cercle polaire est totalement inaccessible,recouvert de neige, et seul le panneau est discernable

Il fait -8°C, le vent souffle, impossible de s'arrêter. Quant à y passer la nuit .....

Une petite éclaircie nous offre un beau spectacle.

A Mo I Rana (nom qui nous fait penser à la Polynésie, mais la météo ramène vite à la réalité), nous passons un moment pour trouver le coin idéal pour les aurores : horizon dégagé à 360°, loin des lumières parasites, à l'abri du vent, .... Nous optons finalement pour la piste de saut à ski qui domine la ville.

Le ciel étant dégagé et les aurores annoncées, nous veillons toute la soirée. A 23:00 nous sortons même dans le froid (-8°C seulement mais avec le vent cela vaut facilement -15°C). En vain.

Plus au sud, froid (température au réveil de -11°C à -20°C) et neige sont toujours présents.

Mais à Namsos nous profitons pour la première fois d'un soleil suffisamment présent pour être efficace.

Partout nous profitons de jolis paysages, avec des couleurs irréelles

et des surprises

Grong, Steinkjer, à chaque fois nous cherchons le coin idéal, nous installons, veillons, mais toujours sans aurore.

Trondheim, ville agréable, avec un vieux quartier, au bord de l'eau et entourées de collines. L'une d'elle est parcourue de nombreuses pistes de ski de fond (occasion d'ajouter un nouveau panneau à notre collection).

Le week-end, les familles n'ont que quelques kilomètres à faire pour passer de la ville à la montagne et faire de la luge, du ski, etc.... Ambiance sympathique. 

Nous nous installons au sommet pour la nuit. Mais nous déménageons lorsque des jeunes utilisent le parking comme circuit de glace, et un peu à l'écart nous veillons encore une fois. C'est vraiment l'ultime chance car nous sommes désormais bien au sud. Mais la chance nous sourit et une aurore nous fait le spectacle. 

Différente de la première car basse sur l'horizon, elle est par contre très dynamique, changeant parfois d'aspect en quelques secondes.

avec parfois des variations de couleurs

A suivre …..