15 janvier 2018

A la poursuite des aurores boréales

Après la visite chez le Père Noël, nous avons désormais un nouvel objectif : voir les aurores boréales. Mais pour cela plusieurs conditions doivent être réunies :
1) Il doit faire nuit. C’est le point le plus facile puisqu’avec un soleil qui ne pointe le bout de son nez que très peu de temps, il fait sombre au moins 18 heures par jour.
2) Le soleil doit éjecter une bonne dose de particules en direction de la Terre. Ce phénomène est très aléatoire mais grâce à internet (sites et applications) on peut savoir quelques heures à l’avance la valeur du Kp (chiffre entre 0 et 10 qui mesure grosso modo l’importance des aurores) et le lieu où les aurores seront visibles.
3) Le ciel doit être dégagé. C’est là que ça se complique. Après avoir étudié la météo locale nous arrivons à la conclusion que l’endroit où il y a le plus de chances de réunir les bonnes conditions est la côte norvégienne, le plus au nord possible. Décision est donc prise de mettre le cap sur la Norvège, et plus précisément sur Narvik, bien au-delà du Cercle Arctique.

Nous laissons donc le Père Noël et ses -13°C, 
et rejoignons la côte de la mer Baltique et la Suède. Plein de carburant à ras-bord avant de quitter la Finlande, puis passage à Haparanda pour la nuit. Nuit durant laquelle la neige tombe en abondance, 
si bien que le lendemain Daou doit s’ébrouer un bon coup puis se frayer un passage dans un joli tapis blanc. 
Pas pour longtemps car après 200 mètres le ventilateur du chauffage s’arrête net ! 
Il fait -10°C, la neige tombe toujours et en quelques secondes le pare-brise se couvre de buée qui se transforme vite en glace. Craignant un problème qui peut durer longtemps, nous devons trouver un endroit où l’attente sera plus facile, et nous rejoignons donc la station-service la plus proche, Jean-Yves essayant de voir où mettre les roues pendant que Martine frotte le pare-brise. 
Ensuite nous faisons des essais pour cerner le problème : panne du moteur du ventilateur ? simple problème de fusible ? en redoutant d’être obligé de faire appel à l’assistance et d’aller au garage car vu les conditions climatiques, impossible de bricoler seul dehors. Jean-Yves met le nez dans le capot (car le fusible, bien évidemment, est dans le compartiment moteur, dans un boîtier qu’il faut démonter avec des outils), et soudain un bruit bizarre ….. et le ventilateur repart. D’abord par à-coups, puis de plus en plus régulièrement. Un paquet de neige a dû se frayer un chemin et bloquer les pales.

Nous respirons, et pouvons reprendre la route, toujours accompagnés par la neige et le vent.

A Kalix 
nous trouvons un parking d’école, inoccupé à cette heure, et branchons Daou sur une borne afin de soulager ses batteries très sollicitées. En effet partout en Suède de nombreux parkings sont équipés sur chaque emplacement d’une borne électrique. 
Ce qui permet de brancher les voitures afin de maintenir le moteur au chaud, indispensable par grand froid. Et bien à l’abri, nous faisons des crêpes de blé noir accompagnées de cidre local (un peu trop sucré mais on ne va pas faire les difficiles).
Le soir nous scrutons le ciel, mais pas d’aurores en vue.

Nous entamons ensuite la traversée de la péninsule. Le ciel est dégagé pour la première fois depuis notre départ de la maison. Bien agréable. Chose amusante, le soleil émerge, mais notre avancée vers le nord-ouest annule sa montée et sa hauteur sur l’horizon ne varie pas pendant 2-3 heures. Si bien que pendant tout ce temps nous voyons les cimes des arbres éclairées sans jamais voir le soleil directement !
Le tout avec des dominantes rose-orange là où le soleil éclaire, 
lui-même étant enveloppé de bleu-vert. 
Vraiment les couleurs du grand nord. Mais la route, peu fréquentée, n’est pas parfaitement entretenue et la neige tassée se transforme en glace, rendant la route glissante.
Pire, pendant 50 kilomètres on roule sur de la tôle ondulée. Nous en avons eu, dans différents pays, en sable, en terre, en gravier, et nous savons qu’elle se forme spontanément avec le passage des véhicules, mais de la tôle ondulée en neige, c’est une première. De plus les conditions climatiques changent rapidement et en quelques heures le thermomètre passe à ... -27°C
Il fait toujours plus froid dans les terres que sur la côte, mais là ça fait franchement beaucoup. Les vitres latérales de la cabine s’embuent, puis la buée se transforme en glace, à l’intérieur !

Nous nous installons pour la nuit à Malmberget, ville qui ne doit son existence et sa survie qu’à une mine de fer. Mine qui lui assure ses revenus mais aussi sa ruine, des bâtiments s’effondrant régulièrement à cause du sou-sol perturbé. Ici aussi il a beaucoup neigé.
Comme d’habitude nous sommes installés de bonne heure (il fait sombre à 14:00 et nuit à 15:00)
et profitons du temps disponible pour faire une promenade dans les environs. Sauf qu’aujourd’hui il fait -23°C ! Bien couverts, nous sommes surpris de constater que cela ne pose aucun problème. Il faut dire qu’il n’y a pas de vent. Seule sensation inconnue, des cristaux de glace qui se forment dans les narines.
Un bon confit de canard avec des pommes de terre sarladaises clôt cette journée particulière, et le soir nous observons le ciel, mais toujours pas d’aurore.

Pour la nuit, nous ajoutons une couverture sur la couette en espérant que le chauffage ne va pas choisir ce moment pour défaillir. Mais pas de souci, les -24°C nocturnes n’auront aucun effet néfaste. Et le cérémonial matinal se déroule sans anicroche : pousser le chauffage vers 6:00, attendre sous la couette une température acceptable, petit-déjeuner, 
gratter les vitres pour enlever le surplus de glace, mettre en marche le Webasto du moteur pendant 20-30 minutes, démarrer le moteur, gratter et essuyer les vitres de l’habitacle, se couvrir et mettre le nez dehors pour quelques photos de jour.

Au démarrage, le ventilateur du chauffage fait un bruit bizarre. En fait à certaines vitesses, une résonance se produit. Probablement un peu de glace sur une pale, qui joue le même rôle que les plombs d’équilibrage sur les jantes. Mais en l’occurence c’est un plomb de déséquilibrage ! Après 15-20 minutes les choses rentrent progressivement dans l’ordre et nous pouvons enfin utiliser le chauffage à pleine puissance.

Etape suivante, Kiruna, une autre ville minière (une des plus importantes pour le minerai de fer). Contrairement à nos habitudes, nous devons faire halte dans les villes. D’abord parce qu’avec la neige il est quasiment impossible de sortir de la route et que les seuls parkings utilisables sont en ville, ensuite parce que nous y trouvons des toilettes (et oui les vannes, comme les fenêtres et d’autres choses, sont toujours bloquées). Un tour au supermarché du coin pour constater une abondance incroyable. Dans tous les rayons, mais le plus frappant est le rayon fruits et légumes, où on trouve des cerises, des fruits exotiques, etc…. A croire qu’ils compensent l’environnement difficile par l’abondance.
Comme à Gammelstad le cimetière est très étendu, et on peut y circuler en voiture. Et tous les 50 mètres il y a des outils à disposition pour déblayer la neige, ce que font beaucoup de locaux afin d’accéder aux tombes sur lesquelles ils mettent des bougies. Très joli la nuit, mais sacré boulot a répéter quasi-quotidiennement. En tout cas un coin calme pour la nuit.
Evidemment, nous traquons les aurores. Les prévisions indiquent une probabilité de 40%. Bien équipés, nous allons au bout du cimetière, dans un coin sombre, en vain.

Nous quittons Kiruna pour Narvik. Le temps est couvert, il neige un peu, la route est très peu fréquentée, les conditions deviennent délicates. Nous adoptons un rythme plus lent et avançons dans un paysage où petit à petit le relief se forme. 
Finie la platitude de la Suède, place aux montagnes de la Norvège. Ce qui serait sympa si la visibilité était meilleure et la route moins enneigée. 
La végétation aussi change, les derniers conifères ont disparu, ne restent plus que les bouleaux, de plus en plus petits. Nous voilà bel et bien dans la toundra. 
Heureuse surprise, un renne solitaire et pas craintif nous offre une petite séance photo.
Autre chose inhabituelle, un panneau enjoignant de rouler à plus de 60 km/h dans une zone à risque d’avalanches.
Les derniers 60 km se font sur et sous la neige, et seuls les bâtons plantés régulièrement permettent de savoir où se trouve la chaussée. Allons-nous devoir sortir les chaînes ?
Mais Daou se surpasse et continue vaillamment. A partir de la frontière, et pendant les 30 km qui nous font descendre vers la côte, nous ne croisons aucun véhicule. Vue la route la prudence est donc de mise. Enfin nous atteignons la côte et apercevons le fjord aux eaux noires (comme le ciel), 
avec au fond la ville de Narvik et son immense pont éclairé.





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