05 février 2018

Fjords, ponts et tunnels


Après cette belle soirée à observer les aurores, nous quittons Trondheim, toujours direction le sud. La route traverse des paysages variés, mais encore plus variées sont les températures. En quelques kilomètres seulement, on se retrouve à -10°C. Un peu plus loin, sur un plateau, nous sommes à -20°C. A l’entrée d’Oppdal, ville très fréquentée par les touristes, hiver comme été, il fait encore -19°C. Mais quatre kilomètres plus loin à la sortie ouest, -10°C seulement !

La route plonge ensuite dans une vallée encaissée, et malgré la perte d’altitude et contre toute attente, la température baisse (-14°C), avant de remonter lorsque nous approchons de Sunndalsøra et de la mer (ou plus exactement du fond d’un fjord, car la mer libre est encore loin). Nous décidons de nous installer pour la nuit dans cette petite ville très aérée. Au bord de l’eau, un immense parking pour camping-cars nous accueille. 
En 2000 nous avions constaté que les CC (surtout allemands) pullulaient sur les routes de Norvège l’été, et les choses n’ont pas dû s’arranger quand on voit que les ventes ont explosé un peu partout. En Scandinavie, nous n’avions quasiment pas vu de CC locaux à l’époque, alors qu’aujourd’hui il y en a partout, garés devant les maisons ou en attente chez les nombreux vendeurs. L'été, ce parking doit être bien rempli.
Mais ce soir, bizarrement 😏, nous sommes seuls. 

La nuit n’est pas tranquille pour autant car le vent se lève, et comme Sunndalsøra est au débouché d'une vallée très encaissée, le vent dévale. Nous l’entendons, régulièrement, qui hurle pour prévenir de son arrivée, et quelques secondes plus tard, Daou est secoué. Le lendemain le vent s’est calmé mais il neige. Et nous constatons les dégâts : notre protection de pare-brise est en lambeaux.
Il va falloir improviser, pour éviter d’avoir à gratter chaque matin l’épaisse couche de glace formée sur le pare-brise … à l’intérieur. Mais quelques minutes plus tard, cette absence de protection n’est plus notre souci majeur. Comme à Haparanda, le ventilateur de chauffage de Daou s’arrête brutalement. Mais aujourd’hui la raison ne peut être de la glace bloquant les pales. Avec de la buée sur le pare-brise, qui risque de se transformer en glace rapidement, il y a urgence. Nous trouvons un coin abrité du vent, entre trois immeubles. Et Jean-Yves se lance dans une séance de mécanique : commandes et fusibles vérifiés, il faut attaquer le démontage du ventilateur lui-même. La RTA est alors très utile. Une fois déposé, le moteur du ventilateur semble HS. Il n’y a plus qu’à trouver un ventilateur de rechange, ce qui peut être relativement rapide, et dans le pire des cas prendre 48h grâce aux transports modernes. Mais en insistant et grattant tous les contacts, le miracle se produit : le ventilateur se remet à tourner ! Super, nous allons pouvoir quitter Sunndalsøra et son vent glacial.

En route nous constatons que par ici les toits végétalisés sont plus fréquents. Certains laissent même pousser des sapins sur leurs toits ! 
Chose qui ne change pas, les magasins de camping-cars, un peu partout, même dans de petites villes. Malheureusement pas de changement non plus dans les limitations de vitesse: omniprésentes, avec des panneaux à répétitions et des vitesses rarement justifiées. Ainsi le 60 est de rigueur dès qu’une maison est proche de la route. Mais comme ici l’habitat est très dispersé et qu’il y a des maisons partout, on roule parfois à 60 pendant dix kilomètres avec une maison tous les cent mètres. Pénible.

Etape suivante, Molde, qui nous servira de plaque tournante pendant quelques jours. 
Ville réputée pour son ‘Molde Panoramaet’ qui permet de voir plus de 100 sommets. 
Même si en ce moment, les nuages bas limitent sérieusement la visibilité.
Nous profitons des services de cette ville moyenne, et surtout du radoucissement lié à l’ouverture sur l’océan. Après deux jours de température positive (1°C-2°C), tout dégèle, les vitres peuvent être ouvertes, les vannes actionnées, etc…. Nous en profitons aussi pour faire un -mini-nettoyage de Daou qui est vraiment peu présentable, de bricoler un nouvel écran de pare-brise, de passer chez le coiffeur pour être nous aussi présentables, etc…. Un petit tour à la piscine nous offre une détente dans l’eau chaude bien agréable, même si le porte-monnaie fait la tête (160 NOK par personne, soit 34€ pour deux !).

Un peu au nord se trouve Kristiansund, ville bâtie sur quatre îles. Y aller est surtout l’occasion d’emprunter la Route de l’Atlantique ’Atlanterhavsvegen’, 
route qui saute d’îlots en îlots, et qui est très populaire sur internet pour les angles de vue surprenants, genre pont qui ne mène nulle part.
Mais honnêtement, c’est surfait et surtout l’occasion d’amener des touristes dans ce coin perdu. Plus impressionnant, mais nettement moins photogénique et donc totalement ignoré, le tunnel qui permet d’accéder à Kristiansund. Plus de 5 km, la moitié en descente à 10%, la moitié en remontée (10% itou), avec de longs virages, et une profondeur maxi de plus de 300 m sous la mer. Vraiment quelque chose d’incroyable.
La ville en elle-même n’a rien de spectaculaire si ce n’est son emplacement, à cheval sur plusieurs îles.

Retour à Molde par une autre route offrant de magnifiques paysages. 

En ville nous sommes étonnés de voir que peu de gens utilisent des crampons de chaussures, pourtant plus qu’utiles. Et les voitures ne sont pas toutes équipées de pneus cloutés. Signes que nous ne sommes plus dans le grand nord. Autre découverte, le tarif des carburants. On se croirait à la Bourse car les stations ont adopté la cotation en continu. Les prix changent plusieurs fois par jour, parfois de façon importante. Si bien q’un jour nous trouvons une station avec un tarif avantageux (d’un point de vue norvégien !), mais le temps d’acheter le pain et de revenir à la station, il a augmenté de 10% !

Nouvelle destination, Ålesund. Un ferry, moins de cent kilomètres, nous voilà partis pour une petite virée facile. Mais c’était sans compter avec le temps norvégien, toujours aussi changeant. La traversée d’un petit massif sous et sur la neige nous apporte une nouvelle dose d'imprévu.

Mais le jeu en valait la chandelle, car Ålesund, répartie sur plusieurs îles et langues de terre comme Kristiansund, est bien plus jolie. En particulier du haut de la colline dominant la ville qui offre un panorama à couper le souffle. 
Un des plus beaux panoramas que nous ayons vus.
D'en bas la ville est également très jolie.
Et le temps très variable fait passer du nuage noir au soleil en quelques minutes.

Nous pouvons aussi avoir une vue d’ensemble des îles reliées entre elles. 

Car ici aussi les constructeurs norvégiens ont frappé fort en creusant trois longs tunnels sous la mer. Des tunnels en forme de V, descendant à 100 ou 200 m sous la mer avec des pentes de 8-10%, une expérience étonnante.
Les îles aussi offrent de belles vues.

Lors d’un déjeuner au bord de l’eau (ce qui est quasiment toujours le cas à vrai dire puisqu’il y a de l’eau partout), nous pouvons admirer la limpidité de la mer en suivant les évolutions d’un canard qui chasse sous l’eau. Jean-Yves se dit que ce doit être sympa de plonger ici ….. quoique la température de l’eau risque de poser problème. Une vérification s’impose, et nous sommes surpris de voir qu’elle n’est pas si froide que ça : 6°C. On a parfois la même chose en Bretagne l’hiver, sans la transparence.

Petit passage à Åndalsnes, petite ville très touristique l’été car c’est l’arrivée de la route des Trolls, et un point central pour les alpinistes. Mais en hiver, personne, et nous profitons des points de vue seuls.

Il est temps de quitter la région (Møre og Romsdal), mais nous repoussons un peu, car la météo annonce 24 heures de chute de neige continue sur le massif que nous devons traverser. Nous laissons donc aux dé-neigeuses le temps de faire leur travail. Ce qu’elles font, et bien, car lorsque nous passons, la route est parfaitement praticable. 
Tout serait parfait s'il n'y avait les limitations de vitesse, omniprésentes et souvent absurdes. Des panneaux partout, 60 ou 70 pendant des kilomètres sans raison valable, des changements permanents qui font que par moment on ne sait plus à combien il faut rouler, panneau 70 juste avant un rond-point (!), autoroute limitée à 90 puis à 100 à l'entrée d'un tunnel (!), caméras un peu partout, bref le conducteur en a ras-le-bol. Heureusement que Daou a un régulateur de vitesse, sinon ça deviendrait ingérable.

Quelques jours pour parcourir la longue vallée (Gudbransdalen), 
avec un passage à Lillehammer et une visite de son complexe sportif (JO de 1994).
Encore des paysages fortement enneigés, 
Ici des poubelles
Ici une marina
et ici une voiture en stationnement épargnée par les dé-neigeuses !
Finalement nous arrivons à Oslo. 
Bien entendu les portiques de péage nous enregistrent, comme partout. 
Si jamais ils nous retrouvent l'addition va être salée😒 car partout il faut payer, même pour un arrêt sur un parking perdu.
Cette ville marque une rupture pour nous  car si la température est à peu près la même (-8°C le jour, -14°C la nuit), la neige a quasiment disparu. Du moins dans la campagne environnante et dans le centre-ville, car dans les rues un peu excentrées, il est évident que les dé-neigeuses ne sont jamais venues. Dix centimètres de glace recouvre les trottoirs et forment des rails durs comme du béton sur la chaussée. Nous n’avons jamais vu ça, même dans le nord.
De plus les rues sont à voie unique mais à double sens. Stupide, et source d’accrochages quand il faut manœuvrer et sortir de l’ornière sur de la glace pure. Bonnet d’âne à la municipalité d’Oslo.













1 commentaire:

  1. beau reportage, aujourd'hui aussi il a neigé en Bretagne, certes pas longtemps, le "froid" arrive, de 2° à - 2° c'est terrible! mais bon on va s'y faire
    bonne continuation

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