25 février 2014

PEROU - Désert, Nazca et cultures

Les passages de frontière du Chili nous ont toujours réservé des surprises; aujourd’hui nous devons aller au deuxième étage de l’immeuble, c’est-à-dire à la cafétéria, pour y acheter un formulaire ! 
A part ça la sortie du Chili se fait sans encombre.
 
Mais à l’entrée côté péruvien, mauvaise surprise : en plus de la police et de douane, il y a un contrôle phytosanitaire. De tels contrôles existent en Argentine et Chili, mais nous n’en avions jamais entendu parler pour le Pérou. Et bien sûr nous avons fait des courses au super-marché à Arica, et avons entre autres de la charcuterie !
Nous sacrifions sans souci quelques fruits (ça on en trouve partout) mais lorsque le contrôleur ouvre le frigo, nous craignons le pire. Mais il est très conciliant et finalement tout passe. Ouf !
 
Une fois au Pérou la route longe la côte et le paysage change peu : c’est toujours le désert.

Perou-Frontière

Un petit tour à Tacna nous montre une ville plutôt agréable, propre, avec un centre animé et bien décoré. Nous tournons un peu avant de trouver un distributeur de billets d’où nous repartons avec quelques centaines de soleils (des ‘sols’, la monnaie locale).
Plus loin, en passant devant une station-service, nous voyons le prix du diesel : 13,5 sols soit 3,50€ ! Pas possible que ce soit le prix ! Pourtant une autre station affiche un prix similaire.
Finalement nous découvrons qu’ici les pompes sont graduées en gallons, ce qui ramène le prix du litre à moins de un euro. Ouf !
 
Nous continuons à longer la côte dans ce paysage désertique.

Perou-Panamericana sud
Ici plat, plus loin montagneux, avec des couleurs variées, c’est assez agréable, d’autant que la route est bonne.
 
Un peu partout le désert est parsemé de minuscules cabanes, en bois, bricolées avec des matériaux de récupération, souvent en dur. Il y en a partout, dans tout le pays, des milliers. Quelques unes sont habitées, mais la majorité semble faire seulement acte de présence. Bizarre.

Perou (cabanes)
A Punta de Bombon, changement de décor: d’un côté de la route c’est le désert, montagneux, minéral. Mais quelques mètres plus loin, de l’autre côté de la route, des cultures déploient toute une gamme de vert: piments, maïs, arbres fruitiers, canne à sucre, etc …

Perou-Punta de Bombom 2

C’est une abondance incroyable, tout cela grâce à de multiples canaux d’irrigation.
Et nous arrivons dans la vallée où coule la rivière qui prodigue cette eau: les cultures l’occupent intégralement, les habitations étant reléguées en lisière, dans la poussière. Et là, nouvelle découverte: des rizières, en abondance. Au milieu du désert !
Ce contraste désert-vallée verte nous rappelle l’Egypte et la vallée du Nil.
Après quelques jours nous quittons la côte pour une virée en altitude. Arequipa, ville située à 2300 m et dont le centre historique et son monastère sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
L’arrivée dans cette grande ville est pénible: la route étroite, en lacets, est empruntée par une myriade de poids lourds qui ont la sale manie de rouler collés l’un derrière l’autre. Mais au moins, contrairement aux chiliens un peu lents et indécis, les péruviens n’hésitent pas à doubler. Par moment c’est d’ailleurs un peu chaud quand tout le monde s’y met et que camions, ‘collectivos’ (minibus de transport de passagers) et autos (largement minoritaires) profitent des quelques courtes lignes droites.
En ville c’est encore pire: non seulement il y a des travaux et les déviations font faire du tout-terrain dans une banlieue déjà pas terrible

Perou-Arequipa (banlieue)

mais en plus taxis et collectivos sont fous: ça passe partout, dans tous les sens, en force, à coups de klaxon. A un carrefour, tout est bloqué car chacun avance de quelques centimètres dès qu’il le peut, quitte à bloquer les autres et surtout quitte à se bloquer lui-même. Deux policiers à moto arrivent, regardent le merdier ….. et s’en vont ! Jean-Yves en a vu d’autres (au Caire entre autres) alors nous passons ‘à la péruvienne’. Mais nous sommes contents que le seul point de chute dont nous disposons, l’hôtel Las Mercedes, soit ouvert. C’est très bruyant le jour mais correct la nuit. Nous y posons donc Daou, bien décidés à ne plus le bouger tant que nous resterons à Arequipa.
 
Durant deux jours nous visitons la ville à pied. La ‘Plaza de Armas’ (nom de la principale place de TOUTES les villes) est très touristique mais agréable, avec son parc, ses monuments, son animation

Perou-Arequipa (plaza)

Tout autour, des rues commerçantes où on peut voir de vieilles demeures datant de l’époque de la splendeur de la ville. Il faut dire que grâce à l’argent (métal) tiré des mines comme celle de Potosi. elle fût très riche, comme le prouvent cathédrale et autres monuments. Certes pendant ce temps là les natifs étaient réduits en esclavage, mais après tout c’était la volonté de Dieu qui envoyait les conquistadores pour apporter la bonne parole à coup de massacres ……
 
Le Monasterio de Santa Catalina est très particulier. Il ne fait absolument pas penser à un monastère mais plutôt à un village dans la ville, avec ses rues, ses habitations….

Perou-Arequipa (Santa Catalina)3

Perou-Arequipa (Santa Catalina)1

Il faut dire que les femmes de la bonne société qui y venaient (par foi ou parce qu’elles avaient fait quelque chose de pas convenable) payaient leur entrée (or, matériel,…) mais avaient le droit de se faire construire leur habitation et même d’avoir des servantes !
Résultat : des «cellules» qui sont en fait de vraies maisons avec plusieurs pièces (salon, cuisine, chambre, salle d’eau), des meubles de qualité, des tapis et même parfois un piano venu d’Europe ! On est vraiment à des années-lumière des moines se retirant de la vie, vivant dans de vraies cellules et pratiquant l’ascèse.
 
Nous profitons des innombrables restaurants aux prix péruviens. On peut se nourrir d’un plat copieux et bon pour 5-10 soles, environ 2€, ou goûter aux spécialités locales dans un restaurant gastronomique (entrée+plat+vin+pourboire) pour 40€ à deux. En plus la cuisine péruvienne, mélange de différentes origines, entre autres asiatique, propose des mets originaux et bons. C’est le Pérou !
 
Nous quittons Arequipa direction les montagnes,

Perou-Alpagas

et après avoir passé un col à 4890 m et profité de la vue sur les nombreux volcans voisins,

Perou-Yanque volcan

régulièrement destructeurs, nous redescendons vers 3000-3500 m et la vallée de Colca.
Cette vallée est très touristique et il faut payer l’octroi à l’arrivée à Chivay, ville qui marque l’entrée de la vallée. Nous empruntons ensuite une piste qui a une particularité: un long tunnel (notre premier sur une piste).
 
Et nous arrivons à Cruz del Condor, LE site de la vallée. Les touristes y déboulent en nombre tous les matins, à bord de cars et minibus, dès 8:00, pour voir le ‘canyon’ et les condors.

Perou-Cruz del condor

Piège à touristes rodé qui fonctionne bien, car en fait le canyon n’en est pas un; certes c’est profond mais c’est plus une vallée encaissée qu’autre chose.

Perou-Colca (condor) 2

Quant aux condors, les gardes de la réserve disent qu’il y en a une vingtaine «mais que çà dépend des jours, et qu'il peut n’y en avoir que deux ou trois». Ces derniers chiffres semblent plus près de la réalité, et les centaines de personnes qui viennent chaque jour restent pour la plupart sur leur faim, car en deux heures, on voit 3-4 condors qui volent au loin et passent près du mirador à quelques reprises seulement. Heureusement que nous en avons vu ailleurs.
 
Mais pour nous le site est parfait car à partir de 11:00 il n’y a plus personne et nous pouvons rester sur le parking, profiter des condors qui volent haut l’après-midi, nous balader à pied, et dormir au calme. Nous y passons deux jours, entrecoupés d’une visite à Cabanaconde, lieu de départ des ‘treks’.

Perou-Cabanaconde

Ces derniers commencent par une descente dans la vallée, soit 1200 m très raides. Les genoux de Jean-Yves n’étant pas d’accord, nous restons en haut, même si des mules sont là pour porter les ‘trekkers’ fatigués. Pauv’ bêtes.
 
A Yanque nous profitons des ‘termas’. Nous avons le choix entre une vraie piscine nickel, avec eau limpide, margelles en carrelage, cabines en dur, bref tout bien et beau à 4€, ou bien de l’eau un peu trouble dans des bassins en pierre entourés de terre avec des cabines sommaires, à 8€.
Comme tous les touristes nous préférons les secondes ! Il faut dire qu’on a plus l’impression d’être en pleine nature et surtout qu’on trempe (35-40°C selon le bassin) avec vue sur les montagnes, les champs et les alpagas (famille des lamas, guanacos et vigognes), élevés dans la région pour leur laine de qualité.

Perou-jeune alpaga

Nous enchaînons (dure vie) avec le joli petit restaurant de la place du village (‘plaza de Armas’, quelle surprise) où nous dégustons un très bon steak d’alpaga. Et, une fois n’est pas coutume, nous dormons sur la place du village.
Le lendemain branle-bas de combat à 6:00. Musique, vendeuses de souvenirs, enfants qui dansent, tout est en place pour accueillir les premiers cars et minibus en route vers la Cruz del Condor.

Perou-Yanque danseuses

Pas de problème pour nous, c’est l’heure à laquelle nous nous levons et de plus nous étions prévenus. Le manège est bien rôdé et beaucoup croient à l’authenticité de cette mise en scène hautement folklorique. Quand on vous dit que les péruviens ont tout compris au tourisme et savent organiser les choses !
Nous attendons un peu et, comme au mirador, l’effervescence retombe deux heures plus tard et tout le monde remballe.
 
Dans la région seules les femmes conservent un peu des traditions vestimentaires: les plus anciennes revêtent la tenue traditionnelle complète et les plus jeunes, en jean et t-shirts, portent quand même le chapeau brodé typique de la vallée.
 
Sur le chemin du retour nous admirons les paysages de montagnes et les cultures en terrasse, présentes depuis des siècles, certainement le plus beau spectacle de cette vallée.

Perou-Colca (terrasses) 1

Ensuite, re-grimpette à 4890 m, longue descente vers Arequipa, re-circulation pénible, re-halte à l’hôtel-camping pour une petite séance révision-mécanique et quelques emplettes avant le retour vers la côte, après avoir encore une fois franchi les 50 km de lacets encombrés.
 
Sur la côte, nous retrouvons les paysages désertiques, toujours variés, comme ces magnifiques barkanes grises sur fond de sable ocre.

Perou-barkanes

Et nous retrouvons des bivouacs tranquilles en bord de mer. Ici, tout est sec, minéral. Nous savons que chez nous la pluie tombe en abondance depuis des semaines, mais nous ne l’avons pas vue depuis des mois et sommes depuis si longtemps dans le désert que nous avons du mal à réaliser. 
 
Plus au nord, toujours au milieu du désert, Nazca. Mondialement connue pour ses lignes et ses géoglyphes, cette région fait partie des incontournables. Nous commençons par la découverte de Chauchilla, un site-nécropole longtemps pillé, où on marche au milieu des tombes et des débris d’os, de tissus, de poteries.

Perou-Chauchilla
Il fait chaud, le soleil cogne, c’est une atmosphère particulière.
 
Un peu plus loin la ville et son aéroport où nous achetons des billets pour un survol des ‘lignes de Nazca’. A la lecture de certaines mises en garde nous avions un peu hésité, mais en fait tout est sérieux: avion Cessna en parfait état, pilote et co-pilote (pour deux passagers!), prix raisonnables (160€ au total pour deux), pesée des passagers avec devis de masse et de centrage fourni, embarquement contrôlé, pilotage précis et commentaires du co-pilote, c’est du travail de pro.
Par contre ce vol n’est pas recommandé aux personnes ayant peur ou étant facilement malades en avion car la majorité des 35’ de vol se passe en virages à 45° d’un côté puis de l’autre, afin que chaque passager puisse voir tous les géoglyphes. Eprouvant si on n’a pas l’habitude des petits avions, et nous comprenons que certains soient malades.
 
Et nous contemplons enfin de visu ces traces laissées dans le désert par le peuple nazca. Nous sommes surpris par les géoglyphes, que nous imaginions plus grands (ils font quand même entre 30 et 100 m), par la quantité de lignes,

Perou-Nazca (lignes)

et par la petite taille des traits: les cailloux sur le bord forment un tout petit renflement, parfois à peine décelable au sol, mais très visible dès qu’on monte de quelques mètres sur une colline.
Nous profitons de la fin du vol et du soleil couchant pour admirer les magnifiques couleurs des montagnes avoisinantes. Redescendus sur terre nous retournons sur place dormir sur un petit parking au milieu des lignes, non loin de l’astronaute.

Perou-Nazca (astronaute)

Mais aucun extra-terrestre ne nous rend visite.
 
 
Et nous continuons, plein nord, sur la Panaméricaine. Régulièrement nous sommes confrontés au contraste entre le désert aride et les vallées vertes qui regorgent de fruits et légumes.

Perou-Ocoña

Ce désert est vraiment singulier car c’est un des plus arides, mais il n’y fait pas trop chaud le jour (30°C maxi), pas froid la nuit, et il est sillonné par ces tranchées vertes.
 
Sur la route, la traversée des villes est pour nous source d’amusement.
Certes il faut toujours se battre avec les taxis et ‘collectivos' qui démarrent sans se soucier de rien, déboîtent, doublent un véhicule pour s’arrêter juste devant sans prévenir afin de prendre un passager, doublent à droite, coupent la route, etc…. Mais une fois qu’on a compris que rouler à droite et rester dans sa file sont des notions très approximatives et que les rétroviseurs et autres clignotants sont des accessoires TOTALEMENT inutiles, ça va. L’intimidation est par contre élevée au rang d’art majeur, et là Jean-Yves ne s’en laisse pas compter, et prend même un malin plaisir à coincer un taxi de temps en temps, juste revanche.
Mais l’amusement vient des moto-taxis,

Perou-Mototaxis 2

tricycles construits sur différentes bases selon les villes: sérieux genre Vespa, costaud genre moto avec châssis prévu pour une tonne de charge, rigolo genre petite moto avec cabine pour deux passagers, en tubes fins et carrosserie en toile. Ces derniers  ressemblent un peu à des jouets mais ce sont les pires, n’hésitant pas à couper la route en démarrant 10 m devant un autocar qui freine en hurlant avec son klaxon. Ils sont véritablement mabouls et on n’envie pas leurs clients.
 
Les villes sont en général correctes mais certaines sont peu reluisantes et font un peu penser à l’Afrique. Heureusement nous ne faisons qu’y passer.
 
La presqu’île de Paracas est plus agréable. C’est une Réserve, purement minérale, sans aucune plante.

Perou-Paracas 
 
Il y a quelques plages mais l’eau est toujours aussi froide et ce n’est pas encore ici que nous nous baignerons. Mais nous profitons du spectacle des oiseaux marins, pélicans surtout, qui nous font leur show habituel en surfant à ras des vagues.
 
Aux alentours s’étale une région viticole. Mais les vins péruviens ne valent pas ceux du Chili ou d’Argentine, et les rouges sont trop sucrés. Une bonne partie de la production est d’ailleurs distillée afin de produire un alcool blanc, le Pisco, utilisé dans la préparation de cocktails. Le plus connu ici est le Pisco sour qui contient pisco, citron vert, et blanc d’œuf. Pas mauvais mais personnellement nous préférons la Caïpirinha brésilienne.
 
 
Plus au nord, la route longe la mer, direction Lima.

 
 
 
En attendant, un grand MERCI à nos lecteurs et en particulier à ceux qui nous font part de leurs impressions. Ca fait toujours plaisir 😃!
 
Et comme toujours, plus de photos dans les Albums
 
 
 
 

2 commentaires:


  1. bonjour à vous,


    tous comptes fait, il n'était pas besoin d'aller si loin pour la circulation, Paris ou Marseille aurait suffit, certains quartiers offrent aussi du dépaysement. (hihihi)


    une pensée pour J-Yves, cette année, nous allons refaire l'heure de nage YESSSSS§


    René a bien voulu s'en occuper, nous te tiendrons au courant des "records" pulvérisés.


     


    bonne continuation à vous et à Daou, RDV au prochain article


     


    Benji

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  2. bonjour  les veinards, c'est CHILOE? nous nous sommes rentrés avant-hier, et grace à vous nous continuons notre voyage !!!


    merci encore


    amitiés

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