26 janvier 2014

CHILI-ARGENTINE - Piscine géante, Aconcagua et télescopes

Santiago, capitale qui ressemble à toutes les grandes villes. Comme souvent au Chili, il y a des parqueurs un peu partout, équipés de talkie-walkie et d’un boîtier électronique qui enregistre le numéro du véhicule et l’heure d’arrivée, et imprime à la fin un ticket. Super moderne.
Nous trouvons un emplacement tout près du centre, laissons Daou au bon soin d’un parqueur, et parcourons la ville pour acheter diverses bricoles introuvables dans les petites villes.


L’occasion de découvrir, entre autre, le quartier ‘réparation des ordinateurs’: des centaines de boutiques et d’ateliers de toutes tailles qui démontent, réparent, recyclent, vendent tout ce qui est électronique. Ici, rien ne se perd: même le clavier d’un vieux modèle de 10-15 ans est récupéré. Etonnant. Le recyclage de chez nous est bien léger en comparaison.

 
Nous profitons de notre parcours en ville pour voir le Palais de la Moneda, célèbre depuis le renversement de Allende par Pinochet qui l’avait fait bombarder par avion (alors qu’il est  situé en pleine ville !).
 
Nous retrouvons Daou, qui ne risque vraiment rien car notre parqueur a déplacé sa chaise et est adossé à lui pour profiter de son ombre. Il est sympa, curieux, et nous discutons un moment avant de reprendre la route.
 
Depuis longtemps Jean-Yves rêve de voir la plus grande piscine du monde, située à Algarrobo. Nous prenons donc la direction de cette station balnéaire. Une fois encore, à l’arrivée nous tournons un moment pour trouver un lieu de bivouac. Vraiment ras-le-bol de ces clôtures, fils barbelés, portails qui entourent tout, y compris les terrains vagues ou même un morceau de désert !

Chili-clôture dans le désert

Finalement nous trouvons le seul coin acceptable, sur une petite falaise qui domine la mer, lieu de passage des promeneurs, de rencontre des amoureux, d'entraînement cross des motards, bref avec du passage. D’ailleurs un soir nous voyons un camping-car chilien tourner, puis finalement s’installer aussi. Pas vraiment le choix.
 
La fameuse piscine n’est indiquée nulle part et n’est pas visible, car elle est située entre la mer et une série d’immeubles d’appartements loués pour les vacances.

Chili-Algarrobo (immeubles)
 
Bien évidemment, il est impossible d’y entrer. Nous essayons de nous faire inviter par des gens qui y passent leurs vacances. Impossible. Nous discutons avec les gardiens, expliquant que nous venons de France et que nous aimerions voir la piscine, juste quelques minutes. Impossible.


L’un d’eux est sympa et commence à discuter. Nous expliquons que nous sommes surpris par ces clôtures omniprésentes, par le fait que tout est privé et payant, qu’une simple place de stationnement dans un bled de rien du tout est payante, et concluons en disant que n’importe quel pays serait fier d’avoir la piscine la plus grande du monde et la ferait visiter. Il nous explique que les chiliens sont égoïstes et adeptes du ‘clasismo’, qui est aux classes (sociales) ce que le ‘racismo’ est aux races. Chacun chez soi ! 

Il connait la France, sait que c’est différent chez nous, et ajoute que ça change lentement; mais lorsque nous répondons que nous ne pouvons pas attendre 20 ans, il rigole en disant «revenez plutôt dans 200 ans». 
 
Bref, c’est face à ce mur ‘PRIVADO’ que s’écroule le rêve de Jean-Yves de faire un kilomètre en une seule longueur de piscine. Vous avez bien lu, ce bassin fait 1 km de long et plus de 150 m de large par endroit !
  
Chili-Algarrobo (piscine XXL)


Merci à Google Earth pour la vue satellite 
 
Finalement nous prenons quelques photos, accrochés aux cahutes des gardiens qui surveillent de tous côtés ! 

Chili-Algarrobo (piscine)

Chili-Algarrobo (piscine navigable)

Valparaiso: un de ces noms mythiques. Nous nous méfions des mythes car nous savons, après en avoir vu un certain nombre, que les endroits qui avaient à une époque une aura et un charme particuliers les ont souvent perdus, même si les guides disent le contraire. Valparaiso est aujourd’hui une ville tentaculaire envahissant toutes les collines.
  
Chili-Valparaiso (collines)

Ces banlieues sont tout sauf attirantes, mais le centre moderne est agréable. Le vieux centre est lui à la fois touristique, certes coloré,

Chili-Valparaiso (maisons)

mais pas très propre, voire délabré par endroits, et apparemment risqué. En moins d’une demie-heure, nous sommes avertis trois fois par des locaux nous disant de faire attention aux voleurs. Nous avons l’habitude de la parano latente en Amérique du sud, mais là ça dépasse la norme. Cerise sur le gâteau, des policiers nous bloquent carrément l’accès à l’un des quartiers touristiques, pourtant visiblement rénové, nous interdisant quasiment de continuer ! Nous n’avons jamais vu ça.
 
Nous nous baladons donc un peu, prenons un funiculaire (histoire de dire car ils sont beaucoup plus courts que nous l’imaginions et évitent juste quelques minutes d’escalier),
  
Chili-Valparaiso (funiculaire)

et prenons quelques photos de cette ville colorée.


Chili-Valparaiso (couleurs)

Chili-Valparaiso (câbles)

Mais la Valparaiso du début du XX° siècle, avec ses quelques collines partiellement habitées, son port lieu de toutes les rencontres et ses jolis funiculaires, a bien changé.
 
En partant nous cherchons de l’eau pour Daou, mais à la troisième station-service, le chef, qu’il a fallu attendre cinq minutes car l’employé ne voulait pas prendre de décision, nous dit «OK». Puis revient alors que nous avons commencé à remplir pour dire «prenez tout ce dont vous avez besoin …. 10000 pesos». Soit près de 15 €. Nous fuyons. 

Cinq kilomètres plus loin, Viña del mar, mélange de la Baule et de Côte d’azur. Nous repensons au ‘clasismo’ et concluons qu’ici c’est pour les classes supérieures. Pas notre truc et de toutes façons il est impossible de trouver une place de parking (payante bien sûr).
Nous roulons donc en longeant la côte. Les stations balnéaires se succèdent, chacune destinée à sa ‘classe’. A midi, nous trouvons un petit bout de bas-côté pour un casse-croûte rapide. Pas terrible mais au moins la vue côté mer est agréable.

Chili-Viña del mar (pélican)

Après 40 km et quatre heures de bouchons, nous arrivons à une plage située sous un pipe-line venant de la raffinerie située derrière. Les pétroliers attendent en face. Depuis Viña del mar nous avons parcouru toute l’échelle sociale !
Il est temps pour nous de fuir la foule et la côte, direction plein est, vers la Cordillère, où nous retrouvons les grands espaces, mais aussi un col à 3200 m qui marque la frontière avec l’Argentine.
 
Ce sont les vacances d’été, et comme un peu partout au Chili, les routes sont en travaux. Il faut donc attendre pour accéder au col, après une montée en lacets impressionnante. Tout cela se fait avec des dizaines de véhicules devant et derrière, à 15 km/h, vitesse du camion le plus lent qui mène le train.
 
La montée a des conséquences amusantes: un paquet de chips ressemble à ça une fois à 2000 m :
  
Argentine-Chips à 2000 m

 mais ne supporte pas les 3000 m et explose : 

Argentine-Chips à 32000 m

Formalités douanières un peu lentes (une heure) puis arrêt photo au ‘Puente del inca’, pont naturel dont les couleurs sont véritablement incroyables :
  
Argentine-Puente del inca

Ce  site n’a rien à voir avec les incas et a été baptisé ainsi pour des raisons marketing au XIX° siècle par les anglais qui y avaient construit un hôtel et des bains, toujours visibles (malheureusement).

Argentine-Puente del Inca-2

Toujours visible aussi la voie ferrée Transandino mise en service en 1910 et qui reliait Mendoza à Santiago en passant à plus de 3000 m. Falaises percées de tunnels, ponts par dizaines, parties couvertes pour éviter les congères, de véritables travaux d’Hercule. 

Argentine-Rio Mendoza (rail)

La route qui descend sur Mendoza est agréable et les paysages aux roches multicolores vraiment superbes. Pas aussi impressionnant que le Paso de Jama, mais très chouette quand même.

Argentine-Rio Mendoza 1

Argentine-Rio Mendoza 2

Et au contraire du paquet de chips qui explose, une bouteille plastique fermée à 3000 m ressemble à ça une fois la descente terminée :

Argentine-Bouteille

A propos de bouteille en plastique, ici comme un peu partout en Argentine nous trouvons sur le bord de la route un sanctuaire dédié à la Difunta Correa. Amusant de voir à quoi les croyances aboutissent.

Argentine-Rio Mendoza (Difunta Correa) 2

Argentine-Rio Mendoza (Difunta Correa) 1
 
A Mendoza, changement de climat. Nous avions lu que la canicule sévissait en Argentine, maintenant nous la ressentons: 40°C à l’ombre. Nous sommes venus dans un camping pour la lessive, nous la faisons donc. Bonne séance de transpiration, mais au moins le linge sèche vite ! La piscine nous attend et comme à Gobernador Gregores, il y a un contrôle sanitaire avant d’accéder au bassin, mais elle est tellement bondée que nous n’y allons pas.
 
Le lendemain petite séance dans un Lubricentro pour la vidange des boîtes de transfert 4x4 et du pont arrière (10€ huile comprise !) avant une balade dans le centre-ville, agréable et très arboré, ce qui donne un peu de fraîcheur.

Argentine-Mendoza

Aux alentours de la ville, des vignobles partout (le camping est d’ailleurs au milieu d’un vignoble). Plus loin le cours d’eau local est envahi par ceux qui cherchent la fraîcheur.

Argentine-Pacheuca

Pour retrouver des températures clémentes nous préférons retourner dans la montagne et nous nous arrêtons quelques jours au Parque Aconcagua à 3000 m. Cadre magnifique, couleurs splendides,

Argentine-Parque Aconcagua (couleurs)
bivouac calme,
  
Argentine-Parque Aconcagua (bivouac)

air pur, promenades pour profiter de la nature en fleur, c’est super.

Argentine-Parque Aconcagua (fleurs)

Argentine-Parque Aconcagua (reflet)

Mais beaucoup doivent être déçus car si le matin au réveil et le soir l’Aconcagua (plus haut sommet du monde après ceux de l’Himalaya) est bien visible,

Argentine-Parque Aconcagua

les sommets se cachent souvent durant la journée ….. lorsque les touristes arrivent !

Argentine-Parque Aconcagua (nuages)

Nous profitons donc de la vue sur la montagne aux meilleures heures, seuls. Le luxe.
 
Mais il faut bien partir un jour, et nous repassons une nouvelle fois la frontière. Là c’est carrément le bazar car il y a beaucoup de monde (vacances scolaires d’été obligent) et si la 'Migracion' a ouvert douze postes de contrôle, la douane, 30 m plus loin, en a ouvert…. 5 ! Nous n’osons pas prendre la file poids-lourds, beaucoup moins chargée, et faisons patiemment la queue durant deux heures et demie.

Argentine-Frontière Cristo Redentor

Contrôles ‘Migracion’ argentin et chilien, mais à la douane l’employée ne nous remet pas le permis d’importation temporaire du véhicule, indispensable. Jean-Yves insiste, et comme elle ne fait rien, va voir un autre douanier qui nous dit que nous n’avons pas le bon formulaire et nous renvoie ….. à la file poids-lourds !
C’en est trop, douaniers ou pas, Jean-Yves leur dit ce qu’il pense, ‘grille’ le contrôle sanitaire (toujours çà de gagné), prends la file poids-lourds à l’envers, et soustrait à son baladeur un douanier désœuvré afin d’obtenir le précieux sésame. Non mais.

Nous rejoignons la côte où nous croisons la caravane du Dakar qui finit sa dernière étape. Cela nous ramène des années en arrière, le jour où, stationnés sur le parking de l’hôtel Meridien à Dakar, nous étions rentrés le soir après un tour en ville pour constater que PassePartout était prisonnier du team KTM !

Sénégal (Dakar 2001)

Et tous étaient tellement occupés par leur course qu’aucun n’avait remarqué l’anomalie : un camping-car français dans le parc fermé de la course ! 

Plus tard sur la côte nous trouvons un coin idéal à Pichicuy, pas très loin du petit port de pêche,

Chili-Pichicuy (port)

Chili-Pichicuy (pélican)

au calme, au bout de la plage,
  
Chili-Pichicuy (bivouac)

avec pour voisins des oiseaux : pélicans, huitriers, mouettes, courlis, hérons, etc ……

Chili-Pichicuy (courlis)

Chili-Pichicuy (héron)

Quelques jours tranquilles et nous continuons la longue remontée du Chili, dans des zones de plus en plus arides. Au dessus de La Serena, le barrage est quasiment vide car il n’a pas plu depuis cinq ans.

Chili-Valle del Elqui

Si ça continue, on se demande comment les habitants de cette grand ville vont faire. Mais pour l’instant ils continuent à arroser les pelouses !

Chili-La Serena (arbres habillés)

La Silla, site de l’ESO (European Southern Observatory=Observatoire Austral Européen). Ayant réservé nos places sur internet quelques jours avant, nous pouvons visiter ce site, un des plus importants au monde pour l’observation astronomique. Situé à 2400 m dans un cadre magnifique,
  
Chili-La Silla (couleurs)

bénéficiant de 350 jours clairs par an, loin de toute pollution (poussières, fumées, lumières parasites), le site, étonnamment désert, héberge de nombreux télescopes.
  
Chili-La Silla (vue générale)

Dans la salle de contrôle presque personne (tout le monde dort le jour). Le NTT se tourne pour nous permettre d’entrer mais là encore, personne, et nous pouvons voir de près les équipements (entre autres le miroir à optique active, monté sur plein de petits vérins).
 
Et surtout nous pouvons voir de près le télescope de 3,60 m. 

Chili-La Silla (3,60 m)

Etonnant de voir cette immense masse de métal tourner sur sa monture sans la moindre vibration, dans un immense dôme réfrigéré, tournant lui aussi. On a du mal à réaliser que c’est grâce à ce genre d'instrument que l'ESO (entre autres découvertes) a pris la première photo d’une exo-planète.
 
Et le soir, nous trouvons un super bivouac non loin, car ici il n’y a pas de clôtures. Merci les européens !
Nous voyons donc le soleil se coucher sur fond d’observatoire (si, si, regardez bien).
  
Chili-La Silla (coucher de soleil)

Plus au nord, le paysage devient franchement désertique et il est un peu plus difficile de faire le plein d’eau car elle est souvent non-potable. Mais on y arrive, même si l’eau ‘potable’ est elle aussi riche en minéraux; elle n'est pas agréable à boire et laisse de belles traces blanches lorsqu’elle s'évapore.
 
Mais bon, nous sommes désormais dans le désert d’Atacama.
 
A suivre…
 
 
 
 
 

3 commentaires:

  1. christian thomas30 janvier 2014 à 19:57


    salut les routards,


    je vois que l'aventure continue, et je confirme que l'acces a l'aquapaq est nettement plus simple, mais c'est vrai il faut faire 39 virages pour une distance d'un kilometre...


    vos essais sur la pression et la depression m'ont convaincu, et je ne prendrai sous l'eau ni sachet de chips, ni bouteille plastique.


    apres le cour de physique applique, la presentation de geographie est toujours aussi captivante, je prends rendez vous pour la prochaine leçon.


    bonne route et a bientot


    christian et nathalie.

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  2. Salut les Jeunes.


    Merci pour la balade : C'est vraiment SUPER !


    Vivement la suite ...


    A +. Vincent.

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  3. bonjour les aventuriers,


    Vos commentaires et vos photos sont toujours un plaisir à consulter.


    Bonne route


    J-noël

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