Nouvelle entrée au Chili …. et nouvelle grève des douaniers chiliens ! Décidément, après les sorties de San Pedro de Atacama et de Puerto Natales, les frontières chiliennes nous posent problème.
Ici, les douaniers font une grève perlée et ne travaillent que durant trois créneaux d'une heure, ce qui veut dire qu’après avoir fait les papiers de sortie côté argentin, nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir entrer côté chilien.
Nous visons donc un créneau et attendons trois heures avant de sortir d’Argentine. Et quand on voit la file d’attente dans l’autre sens, ce n’est pas encourageant. Mais finalement, de notre côté il y a peu de monde et tout se fait assez rapidement. Le contrôle phytosanitaire est un peu plus poussé que d’habitude, mais tout se passe bien et courtoisement.
Nous arrivons à Chile Chico (‘petit Chili’), petite ville colorée et ventée,
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au bord du lac General Carrera (le lac change de nom avec la frontière, mais les eaux sont toujours aussi pures et du même bleu profond).
Depuis le mirador qui domine la ville et sa ‘plataform del viento’ la bien nommée,
nous avons une belle vue sur la ville et le lac.
Surprise, ici il n’y a qu’une seule banque, et son distributeur n’accepte pas la carte Visa internationale. C’est bien la première fois que cela nous arrive en Amérique du sud, qui plus est dans une ville frontalière et touristique. Seule solution, changer des dollars ou des pesos argentins. Mais pour obtenir ces derniers il faut retourner à Los Antiguos; cela ne fait que 5 kilomètres, mais il faudrait repasser la frontière et les douaniers en grève ! Heureusement la station-service accepte notre carte Visa et nous avons encore quelques pesos chiliens pour le quotidien.
A propos d’argent, les billets chiliens sont originaux: très colorés, dotés pour certains d’un filigrane transparent,
ils sont faits d’une sorte de plastique et non de papier, et ont un toucher très doux.
Après les billets, autre problème, l’eau. Depuis des mois, nous n’avons jamais le moindre problème, l’eau étant donnée facilement partout, et à disposition dans les stations-service. Mais ici la seule station, toute petite, n’a pas de robinet. Il y a bien des arroseurs installés partout sur les pelouses, mais c’est l’eau du lac (la ville a deux réseaux distincts). Nous finissons par nous adresser aux gens qui ont toujours de l’eau … les pompiers. Après appel radio au commandant pour avoir son autorisation, ils nous donnent gentiment ce dont nous avons besoin. L’occasion d’apprendre des choses sur la ville (entre autre qu’ici aussi il y a une mine d’or et d’argent) et pour Daou de se faire prendre en photo, extérieur et intérieur (quand on vous dit que c’est une vedette en Amérique du sud).
Deux possibilités s’offrent désormais à nous: la piste qui fait le tour du lac, ou le ferry qui le traverse. Après hésitations, et comme nous aimons bien prendre les bateaux, ce sera le ferry; de plus cela nous évite 300 km de piste. Certes il nous faut attendre 3 jours (il n’y a qu’un bateau par jour et il est très demandé), mais la ville est sympa, le temps est au beau et la température, qui remonte progressivement au fur et à mesure que nous allons vers le nord et l’été, dépasse les 10°C. Même plus besoin de chauffage le matin. Nous savourons donc cette halte et la traversée sur une eau d’un bleu magnifique et au milieu de beaux paysages.
A défaut de goélands, nous sommes accompagnés par des ibis à cou jaune,
et poussés par le vent !
De l’autre côté du lac le paysage change complètement de ce à quoi nous sommes habitués depuis 3 mois en Patagonie. La sécheresse ambiante (hygrométrie parfois en-dessous de 25%) laisse la place à l’humidité, et la steppe rase, jaune et sèche est remplacée par des champs, des pâturages et des forêts. Et c’est le printemps, les fleurs éclosent.
Avant Coyhaique, nous traversons même une région rappelant les Alpes.
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Petit crochet à Puerto Aysen et Puerto Chacabuco, villes sans grand intérêt. Mais nous avons la chance d’arriver le jour des championnats de rodéo. En fait plus que du rodéo, il s’agit pour les cavaliers de démontrer leur savoir-faire en menant un veau, l’arrêtant, lui faisant faire demi-tour, etc…. Certains ont une belle maîtrise et font du beau travail. Même si le bestiau se demande ce qu’on lui veut; d’ailleurs certains finissent par s’allonger et refuser de bouger !
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Nous continuons, cette fois au milieu de vallées boisées. L’eau dégouline de partout et les sommets des (petites) montagnes sont en permanence dans les nuages. Cela nous rappelle la Norvège, même si les ‘fiordos’ sont moins encaissés que les fjords norvégiens.
Puerto Cisnes (port des cygnes), ville mal nommée puisqu’il n’y a pas un seul de ces cygnes à cou noirs que nous voyons depuis quelques semaines. Pas grand chose à faire ou à voir ici, même si la ville est plutôt agréable,
mais avec un temps très variable.
En roulant ordinateur allumé dans les rues, nous trouvons un hôtel avec Wifi et la patronne nous fournit aimablement le code. Ce n’est pas la première fois que nous procédons ainsi, et en général, les hôteliers sont sympas.
L’occasion de consulter, depuis l’intérieur de Daou, les méls, de mettre à jour les cartes du GPS, et de télécharger quelques infos et podcasts, seuls liens d’informations avec la France vu que RFI (Radio France Internationale), station à laquelle nous étions habitués lors des précédents voyages, n’émet pas du tout en Amérique du Sud.
et franchit un petit col sous la pluie mais rien à voir avec les pistes glaiseuses argentines, ici ça ne glisse pas et la piste, étroite, reste saine.
Nous faisons une halte bien agréable dans le Parque Nacional Queulat et parcourons les sentiers. Contrairement à El Chalten où les sentiers étaient faciles et les temps indiqués très larges, ici on transpire. La végétation est très dense et fait penser à celle des zones tropicales humides: fougères, mousses, lichens, mais aussi arbres de toutes sortes, lianes, fuchsias, etc …
Et pourtant si l’humidité est bien présente, du fait du glacier tout proche la température est tout sauf tropicale. Au sommet nous admirons le Ventisquero Colgante, petite langue qui dégouline de l’immense glacier située sur les hauteurs.
Par moments un bloc de glace se détache du front du glacier, dans un fracas impressionnant qui s’entend à des kilomètres.
Plus loin la piste change en permanence, roulante ou cassante, terre ou cailloux, bonne ou pleine de trous, poussiéreuse ou grasse, plate ou pentue, au bord d’un lac ou de la mer, mais toujours au milieu des collines vertes et humides.
Plus loin nous arrivons dans LA zone de travaux: pendant près de cent kilomètres, les ouvriers défrichent, cassent les falaises, déplacent des milliers de tonnes de roches, de graviers, de terre, élargissent la piste, construisent des ponts, goudronnent (4 km sont faits, il ne reste plus que 198 km !). Régulièrement, il n’y a qu’une seule voie et il faut attendre son tour avant de passer, au pas, une zone caillouteuse ou bien grasse.
Et soudain un panneau ‘Explosivo, no pasar’. Après 20 minutes, nous voyons partir les artificiers dans leur pick-up à drapeau jaune et noir. Mais maintenant il faut attendre qu’ils déblaient.
Une heure, deux heures, le temps passe, les véhicules s’accumulent derrière nous. Après trois heures il y en a déjà huit. Comment ça, huit véhicules en trois heures, c’est peu ? Rappelons que nous sommes sur la Carretera Austral, pas sur l’autoroute A6 !
Finalement la voie est libre, nous repartons, toujours au milieu de ce chantier titanesque. Et quand finalement nous rejoignons le bitume, Daou se sent mieux et arrête de geindre: plus de plaquettes de frein qui cognent, plus de vibrations sur les parties tôlées, plus de suspensions qui couinent, plus de cailloux projetés par les roues qui viennent frapper les dessous, ….
Nous pensons à tous les cyclistes que nous avons croisés ces derniers temps (alors que nous n’en n’avions vu que 2-3 en 9 mois). Il y a peu, en Patagonie, nous en avons croisé un qui luttait véritablement contre le vent, forçant et faisant des zig-zags … à 5 km/h ! Et sur la Carretera, nous en croisons une bonne demi-douzaine, le plus souvent seuls, à pédaler sous la pluie, dans le froid, sur des graviers en côte ou dans une descente grasse ! Cette route est apparemment un mythe pour les vélos. Plus c’est dur, plus il y en a. Ils sont fous ces cyclistes !
Il y en a d’ailleurs tellement que dans la zone en travaux, les graviers sont spécialement tassés sur une petite bande pour faciliter leur passage. Mais bon, tout est relatif.
Jusqu’à Chaiten, 45 km de bitume tout neuf. La ville est moins neuve, et fait même un peu délabrée, avec de nombreuses maisons abandonnées. Mais c’est d’ici que part le ferry qui nous emmènera sur l’île de Chiloe … dans quatre jours. Et oui il y a un bateau par semaine, alors une fois de plus, au Chili nous attendons.
Et si la ville est un peu tristounette, le petit port est vivant, avec les bateaux-taxis qui vont et viennent, les super-Zodiac de transport de touristes (sièges ergonomiques et 2x250 cv !), le ferry qui arrive et mouille en attendant la marée haute pour décharger.
En tous cas ici on ne plaisante pas avec la sécurité: le ferry en attente mouille deux ancres et place six amarres alors que nous sommes dans une baie protégée, et pour parcourir les 40 m du bateau au quai sur la petite navette, tout le monde met le gilet de sauvetage et un matelot répand un sac de sable sur le quai mouillé pour éviter les chutes !
Un peu plus loin, Santa Barbara, petit hameau où nous posons nos roues sur une belle zone herbeuse au bord d’une longue plage de sable noir.
A 10 m un ruisseau nous permet un grand lavage de Daou ! Une soirée autour d’un feu de bois/parilla suivie d'un coucher de soleil parachève le tout.
Et une petite otarie curieuse vient voir les bipèdes sur la plage (si si, regardez bien ou cliquez sur l'image).
RépondreSupprimerUn récit toujours aussi captivant. Nous attendons la suite.
Bonne route et merci de nous partager votre 'périple'.
Amicalement
RépondreSupprimerMartine Jean-Yves bonjour de Moelan vous nous faites rever avec vos superbes photos
ici le temps est encore agréable quelques gelées le matin
hier-soir nous avons été danser comme tous les mercredis Martine nous espérons que tu nous rejoindras bientot
kénavo Renée Jean PAUL
RépondreSupprimerQuel beau voyage vous faites quels paysages
N'attendre que vs n'avez que cela à faire........
Profitez et pensez à ceux qui "bavent" devans ces images
Milles gros bisous
Chantale M
RépondreSupprimerBonjour Martine et Jean-Yves
Le voyage semble se dérouler à présent sans bobos , et c'est toujours un plaisir de vous suivre dans votre périple. Vous vous hissez au niveau de l'émission " Faut pas
réver" de FR3 Bravo encore.
Michelle se joint à moi pour vous souhaiter de joyeuse fêtes de fin d'année.
J-Noël