A l’extrême sud de la Patagonie, nous passons la frontière et entrons au Chili. Formalités vite remplies même si le contrôle vétérinaire est assez complet. En Argentine, nous avions eu trois contrôles sur la route en Patagonie car les fruits, légumes frais, viandes et charcuteries y sont interdits pour protéger cette région de parasites qui y sont inconnus.
En Terre de Feu (Argentine et Chili) il en est de même, mais la liste des produits interdits est plus longue: les fruits et légumes, les viandes et charcuteries, le lait et ses dérivés, les produits apicoles, le bois (y compris les souvenirs !), les plantes en général et la terre. Mais pour cette dernière, nous nous demandons si la terre collée sous les véhicules doit être prise en compte ?
Car alors, il faudrait faire comme en Australie, c’est-à-dire nettoyer entièrement tous les véhicules !
Ayant consommé les produits frais, les placards et le frigo sont vides et nous passons sans encombre. Un peu plus loin, le ferry nous attend.
Nous sommes quasiment les seuls à traverser le détroit de Magellan qui nous emmène sur l’île de Terre de Feu (Grande Isla de Tierra del Fuego). Le temps est au beau mais il y a beaucoup de vent et comme le courant de marée est contraire, la mer est agitée.
Mais il n’y a que cinq kilomètres de traversée et Daou peut poser ses roues sur cette ‘Fin del Mundo’.
Ici, la végétation est rase, et à part des moutons (et bien sûr des guanacos), il n'y a rien.
Un peu de bitume, puis 120 km de piste sur laquelle Daou joue avec nos nerfs: alors que depuis quelques jours nous étions tranquilles, les petits cailloux ‘ramassés’ sur la piste collante menant au parc ‘Bosque Petrificado’ (voir épisode précédent) se manifestent encore. Nous savons désormais que dès qu’un bruit métallique se produit, il suffit de s’arrêter, faire 50 m en marche arrière pour déloger le caillou et repartir. Mais avec les vibrations de la piste, de nouveaux apparaissent régulièrement, et nous devons faire ces marche arrière 20-30 fois, parfois après à peine un kilomètre ! Ras-le-bol. Et dire qu’après les soucis de l’épisode précédent, nous avions fait laver les dessous dans un ‘lavadero’, ce qui avait pris 1h20 au Kärcher ! Finalement, la «source» de cailloux se tarit et nous pouvons faire les 20 derniers kilomètres tranquilles.
Nouveau passage de frontière pour revenir en Argentine et quitter le Chili où nous n’aurons passer que quelques heures. Formalités effectuées en 20 minutes de chaque côté, et après un dernier morceau de piste nous retrouvons avec plaisir le bitume. Car vibrations, bruits, poussière et attention soutenue à la conduite, ce n’est pas vraiment ce que nous préférons. Sans compter que le matériel vieillit plus vite ... et qu’on peut ramasser des petits cailloux.
A Rio Grande (non nous ne sommes pas dans un Western, même si le paysage s’y prête), petite halte. Nous en profitons pour refaire le plein de nourriture, d’eau et de carburant.
Nous continuons ensuite, toujours sur la Ruta 3, dans un paysage qui change rapidement: des collines apparaissent, puis ces collines se couvrent de forêts d’arbres morts.
Nous ne savons pas si cela est dû à un parasite qui aurait passé les contrôles sanitaires, mais c’est impressionnant de voir ces immenses forêts mortes. On se croirait dans un film apocalyptique.
Plus loin apparaissent des montagnes aux sommets enneigés.
Ce paysage, très beau, nous fait penser au grand nord canadien mais c’est normal puisque nous sommes dans le grand sud argentin !
La route se met à tourner, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps, passe dans les vallées, longe la mer, monte un petit col qui domine un lac,
avant de finalement redescendre vers Ushuaia.
Ushuaia, cette ville au nom mythique, est la plus australe du monde (mais pas du continent américain, puisque nous sommes sur une île). Au bord du canal de Beagle (qui permet de passer de l’Atlantique au Pacifique sans doubler le Cap Horn),
entourée de montagnes enneigées, avec ses maisons colorées, ses rues en pente,
son port et les îlots parsemés un peu partout, elle nous plaît d’emblée. D’autant que nous arrivons sous un temps gris, avec un plafond bas et un peu de pluie, bref une atmosphère de ‘Fin del Mundo’.
Qui a dit que ça nous rappelle aussi la Bretagne ? Mais le temps est ici très changeant et en quelques jours nous avons un peu de tout, y compris du ciel bleu.
Nous allons ensuite dans le Parc National voisin et bivouaquons sur une zone de camping libre.
Nuits hyper-calmes, cadre magnifique dans lequel nous effectuons de belles promenades à pied à la découverte de la faune et en particulier des castors, même si nous ne voyons que leur œuvre,
qui est d'ailleurs plutôt destructrice pour l'environnement austral !
Nous avons même la visite d'un ‘zorro’, certes un peu interessé !
Et au bout du parc, fin de cette Ruta 3 sur laquelle nous avons tant roulé ces dernières semaines.
Plus que 17848 km à parcourir !
Mais avant de quitter Ushuaia, nous décidons de fêter notre passage en ce lieu si particulier. Nous choisissons d’aller Chez Manu, restaurant tenu par un français, et passons une soirée mémorable. Vue panoramique sur la ville et le canal de Beagle,
service parfait, mets délicieux (crabe antarctique bien sûr,
puis agneau patagon aux deux cuissons, un délice), bref nous clôturons notre séjour ici de la plus agréable des façons, grâce à Maurizio (le maître d’hôtel sympa et francophone) et à Manu, un grand chef qui exerce son art en restant simple et accessible.
Etant au point le plus austral, il ne nous reste plus qu'à faire demi-tour, et nous allons désormais rouler vers le nord, face au soleil, pendant un bon moment car le continent est immense. Pour commencer, pas trop le choix, nous reprenons une dernière fois la Ruta 3 pour rejoindre Rio Grande, puis la frontière (2 heures d’attente car nous passons un samedi de long week-end et tous les argentins s’en vont), puis la piste (cette fois sans petits cailloux), puis le ferry.
Nous voilà au Chili. Certes nous y sommes déjà passés, brièvement, mais cette fois nous allons y rester un peu.
RépondreSupprimerSalut les aventuriers!!!
nous lisons avec interet le récit de votre périple...bonne continuation!!! Mag et moi rentrons juste de notre semaine de croisière plongée sur Daedalus, notre traque aux requins nous à laissé de
bons souvenirs...
à bientôt