Après deux semaines sur la péninsule de Valdez à profiter des baleines et autres mammifères marins, nous reprenons la route, toujours sur la Ruta 3, toujours vers le sud.
Le paysage est le même, une pampa monotone
avec de-ci de-là quelques moutons, chevaux et surtout des guanacos. Sauvages ces derniers le sont dans tous les sens du terme et s’enfuient dès qu’ils entendent le véhicule. Autant dire que s’arrêter pour les photographier permet le plus souvent de les voir ...... de dos.
Nous quittons le bitume pour un petit détour à Punta Tombo afin de voir de près les pingouins de Magellan. Cette colonie, la plus importante, en regroupe environ 200000, et même si en cette saison ils ne sont pas tous là, ça fait quand même du monde. C’est vraiment amusant de les voir sortir de l’eau, gravir la plage puis parcourir de longues distances
avant de s’éparpiller sur les collines pour rejoindre leurs nids.
Ce nid n’est souvent qu’un trou dans le sol, que monsieur creuse et occupe jalousement en attendant qu’une dame le choisisse. Et comme ils sont indifférents aux bipèdes que nous sommes, on peut les voir de très près.
Très près aussi ces allemands qui viennent un soir s’installer avec leur 4x4 à quelques mètres de Daou, alors que nous avions trouvé un coin peinard au milieu de la pampa, à des kilomètres de toute vie. Nous apprécions les rencontres avec les autres voyageurs et avons à plusieurs reprises passé de bons moments avec certains. Mais aujourd’hui ceux-ci se collent à nous sans respecter la moindre intimité, en nous gâchant la vue et sans même dire bonjour ! Et quand nous allons leur dire que la Patagonie est immense et qu’ils ne sont pas obligés de se coller à nous, la seule réponse est: «ici ce n’est pas votre propriété». Encore ce vieux réflexe du ‘Privat’ et du ‘Verboten’, omniprésents en Allemagne.
Mais entendre cela en Patagonie c’est véritablement fou et ce genre de réponse n’est pas faite pour arranger les choses. La discussion est donc un peu tendue mais ils finissent enfin par aller voir ailleurs. Peut-être la prochaine fois seront-ils un peu plus respectueux et courtois.
Depuis des années que nous nous baladons nous avons plusieurs fois été confrontés à ce genre de comportement, en Europe surtout mais aussi en Amérique du sud où nous nous sommes une fois retrouvés avec un camion à 6 m de nous alors que la plage où nous étions faisait environ 200 m ! Et ce sont presque toujours des allemands. Pourquoi ?
Finalement nous pouvons savourer un magnifique coucher de soleil, seuls au milieu de nulle part.
Un peu de bitume sur la Ruta 3, puis nouvelle ‘sortie de route’ à Cabo dos Bahias, pour aller voir ... des pingouins. Ce sont les mêmes, ils sont moins nombreux, mais toujours aussi rigolos et dans un cadre plus joli. Nous avons aussi la chance de voir de près des animaux plus rares.
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Et la minuscule ville voisine où nous nous installons quelques jours, Camarones (‘Crevettes’), nous convient. Ici on sent qu’on est en Patagonie, un peu perdus loin de tout, avec en bruit de fond la ‘centrale électrique’ qui alimente la ville (hangar abritant un groupe électrogène). Le petit port nous rappelle la Bretagne et bien sûr nous faisons des repas de ... crevettes.
Toujours plus au sud nous nous arrêtons à Caleta Olivia, près d’une colonie de lions de mer. Ils sont moins nombreux qu’à Valdez mais plus faciles à voir puisque la plage est tout près de la route et qu’on peut se promener au milieu de ces gros animaux.
Pendant deux jours nous les observons, et nous pouvons constater qu’à part se déplacer en fonction des marées, ils ne font vraiment rien. Même quand l’un d’eux gêne son voisin, celui-ci pousse un coup de gueule de deux secondes, avant de s’effondrer et de recommencer à dormir.
Les mâles, avec leur crinière, leur pelage marron et leurs cris qui ressemblent aux rugissements, rappellent les vrais lions; mais les femelles meuglent et les petits bêlent, du coup la nuit on se croirait à la ferme !
Encore un peu de bitume puis nouvelle piste pour aller voir ... et non, cette fois ce ne sont pas des animaux. Ce sont des arbres, plus précisément des troncs d'araucaria mirabilis de 150 millions d’années, les plus grands arbres fossilisés du monde.
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Et le spectacle est aussi bien dans ces fossiles si particuliers que dans le cadre, un paysage minéral superbe.
Dommage qu’on ne nous autorise pas à dormir ici, dans ce parc ‘Bosque Petrificado’. Nous avons bien essayé mais le règlement est le règlement et nous sommes obligés de rebrousser chemin. Ce qui ne nous emballe pas car il a plu la nuit dernière, et autant les pistes sont en général parfaites lorsqu’elles sont sèches (dures, bien entretenues, on peut même rouler vite, 80 km/h),
autant après la pluie elles se transforment en glaise épaisse et collante. Nous en avions fait l’expérience à Valdez, et ici c’est pareil. De plus la piste bombée se termine de chaque côté par un fossé; du coup quand un véhicule glisse il est difficile de le rattraper, surtout quand, comme Daou, il a des pneus route. Nous avançons donc avec une extrême prudence et nous arrêtons dès que possible en bord de piste pour la nuit. Il passe un véhicule par jour, nous ne risquons pas d’être dérangés et comme le vent est tombé nous pouvons dormir dans le total silence du désert.
Nouvelle étape. La route est un long ruban de bitume entre deux interminables clôtures. Nous avions été étonnés en Namibie et plus récemment au Brésil de circuler entre deux fils de fer. Désormais nous en avons l’habitude car l’Argentine est dans ce domaine au top. Quasiment toutes les routes et toutes les pistes, sur des milliers et des milliers de kilomètres, sont encadrées par ces clôtures.
Bien évidemment cela ne facilite pas la recherche d’un lieu de nuitée car il est quasiment impossible de s’écarter de la route. Mais contrairement au Brésil, dès qu’on approche d’une ville tout devient facile et nous trouvons toujours des coins calmes et agréables. Et dans la région les villes sont propres et agencées avec soin.
De même, trouver de l’eau pour remplir nos réservoirs ne pose pas plus de problème que dans les autres pays d’Amérique du sud que nous avons parcourus. Il y a partout des stations-services avec Diesel-Euro pour Daou et, pour nous, Wifi pour mettre à jour ce site,
snack, minimercado et bien sûr un robinet qu’on peut utiliser même si on ne prend pas de carburant, et même si on bloque une voie pendant une demi-heure. Et tout cela avec le sourire (en huit mois seulement deux refus, exceptions qui confirment la règle). Ca change de la France où obtenir de l’eau dans une station-sans-service est depuis bien longtemps un exploit digne du Livre des Records.
Plus tard nous testons une nouvelle fois, involontairement, la serviabilité des argentins. En effet, Daou se met soudain à faire un bruit bizarre, genre sifflement, à l’accélération, puis des bruits plus graves et plus inquiétants. Ces bruits disparaissent, reviennent, changent de nature, un vrai casse-tête. Nous nous arrêtons donc plusieurs fois sur le bord de la route pour chercher la cause et, à chaque fois, le premier véhicule qui passe s’arrête pour demander si nous avons besoin d’aide. Un semi-remorque n’hésite pas à s’arrêter en côte et un automobiliste s’allonge même sous Daou pour chercher avec nous !
Il faut dire que nous sommes dans le sud de la Patagonie et que ce comportement est probablement un reste de l’époque héroïque où circuler ici était une aventure et où la solidarité était indispensable. Un peu comme les motards en France il y 30-40 ans (avant que les motos ne deviennent fiables) qui s’arrêtaient spontanément à la vue d’un motard arrêté.
Finalement il s’avère que ce ne sont que des restes de la piste menant aux arbres pétrifiés: la boue accumulée autour des roues est sèche et les petits cailloux inclus dedans tombent parfois, se bloquant entre les pièces tournantes et les pièces fixes (disques de freins, transmissions). Problème classique et déjà vu mais ce qui est étonnant aujourd’hui c’est la variété des bruits produits.
Nous continuons, toujours sur la Ruta 3, par petites étapes, d’une ville à l’autre; cela représente quand même entre 150 et 250 km avec, encore une fois, RIEN au milieu; mais ce rien, c’est-à-dire cette pampa, ne nous lasse pas. Même, elle fait partie du charme de la Patagonie.
Le vent non plus ne nous gêne pas, même si vu sa force,
nous apprécierions de l’avoir dans le dos car, à deux exceptions près, depuis plus d’un mois nous l’avons toujours de face, quelle que soit notre direction ! Et il y a quelques jours ce vent de face était tellement fort (niveau tempête chez nous) que Daou a explosé son ‘record’ de consommation: au lieu des 12-13 l/100 habituels, il a englouti presque 19 l/100 ... au milieu des puits de pétrole !
Encore un peu de Ruta 3 et nous arrivons à l’extrême sud de la Patagonie. Le paysage plat à la végétation pelée est ici parsemé de volcans.
L’un d’eux abrite un lac (Lago Azul).
Nous y passons quelques jours, quasiment seuls (4-5 voitures de visiteurs chaque jour), à profiter du calme, à faire des marches autour du cratère.
et à profiter du temps très changeant. Nous profitons aussi d’une musique particulière, celle des ibis à cou jaune de la colonie installée dans le cratère qui partent le matin en quête de nourriture, en poussant leurs cris si particuliers. Et le soir, même musique lorsqu’ils reviennent.
Sympa mais il est très difficile de les photographier (d’autres oiseaux figurent dans l’album photo).
Après quasiment trois mois en Argentine (notre visa expire dans trois jours), nous arrivons à la frontière du Chili, pays où nous ne passons que quelques heures pour prendre le ferry qui nous dépose en Terre de Feu.
RépondreSupprimerbonjour à vous deux,
C'est toujours un plaisir de suivre votre périple, j'espère que Daou tiendra le coup dans cet environnement un peu difficile.
Bonne continuation
j-Noël
RépondreSupprimerMartine Jean-Yves bonjour et encore merci pour ces commentaires et les superbes photos
dommage que la rencontre avec ces allemans à été moins agréable que la rencontre
avec les paisibles animaux de ce beau pays
à bientot Renée Jean-Paul
RépondreSupprimerBonjour
votre site est interessant nous partirons vers l Amerique Latine le 1 septembre2014 nous arriverons a MONTEVIDEO 28 jours apres car nous serons sur un cargo avec notre camping car
QU AVIEZ VOUS PRIS COMME ASSURANCE POUR UNE DUREE DE 8 MOIS MINIMUM?
ABIENTOT DE VOUS LIRE CORDIALEMENT HUGUETTE ET MARC