Arrivés à Buenos Aires, nous commençons par réparer le chauffage. Mais la bougie neuve ne suffit pas et il faut le démonter complètement. En fait il est complètement calaminé. C’est une leçon pour le futur : aux premiers signes de mauvais démarrage, démontage et décalaminage.
Nous ne passons que quelques jours à Buenos Aires, le temps de faire ce qui ne peut être fait que dans une grande ville. Non que Buenos Aires soit désagréable, au contraire le centre est plutôt sympa:
Cependant les bidonvilles présents aux sortie de ville sont franchement moins présentables. On parle toujours de Rio et de ses favelas, mais pour nous Buenos Aires est bien pire. Même en plein centre ville, des gens construisent leurs ‘maisons’ à ras des grands axes (ils touchent le rail de sécurité), et même sous un pont d’échangeur ! En tôle, plastique, et même en parpaing avec étage. Vraiment ahurissant.
Nous préférons les grands espaces, donc direction le sud, d’abord via l’autoroute. C’est la pampa, c’est plat, monotone, c’est de la conduite automatique, et nous nous occupons à lire les panneaux publicitaires, omniprésents sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Au moins ça enrichit notre vocabulaire espagnol.
A Chascomus, nous trouvons par hasard un endroit très agréable: un lac, avec une petite route qui en fait le tour. D’un côté la ville, pour les courses, de l’autre des étendues idéales pour se poser.
Nuits tranquilles, promenades à pied le jour, avec pour voisins les pêcheurs, les oiseaux et deux moutons jamais tondus :
Il y a bien des campings, et l’été ça doit être bondé, mais en cette saison, personne. Même le dimanche les gens qui viennent pique-niquer sont calmes, pas de musique à fond, donc c’est parfait.
Nous longeons ensuite la côte, parsemée de villes touristiques qui, elles aussi, doivent être bondées l’été. Mais en hiver ces villes sont en hibernation, avec juste ce qu’il faut de vie pour ne pas être totalement mortes, et nous pouvons nous poser pour la nuit avec vue sur mer un peu partout.
A Punta Medanos, point le plus oriental de l’Argentine, surprise: il n’y a rien, pas un vendeur de souvenir, pas un bar, ‘nada’ :
Il y a bien un «lotissement» en cours, c’est-à-dire un immense morceau de dunes entouré de barbelés et surveillé, avec pour l’instant deux maisons perdues au milieu du sable. Dans quelques années peut-être y aura-t-il là de riches argentins vivant entre eux, à l’abri. Mais pour l’instant ça fait plutôt penser à un décor de film noir.
Sur notre parking, deux voitures par jour viennent pour jeter un oeil à la mer, c’est tout. Nous restons seuls avec l’océan et une plage sans limite rien que pour nous !
Plus loin, Mar Chiquita, petit bourg très mignon, entre la lagune et l’océan, avec des maisons sans clôture, de l’espace, c’est calme, ça fait plutôt aisé. Mais à la nuit tombée, les policiers viennent nous chasser: arrêté municipal, il faut dégager. Nous discutons, expliquons que nous n’allons quand même pas partir de nuit, et promettons de partir au petit matin. Heureusement ils ne pensent pas au camping (nul, avec pleins de caravanes garées, sans vue) et nous laissent pour la nuit. Mais c’est, en Argentine, la deuxième fois que la police veut nous chasser (la première, à Termas de Reyes, c’était pour ‘notre sécurité’, dans un des endroits les moins risqués qui soit ! ).
Nous passons rapidement Mar del Plata, grande ville, avec ses plages et son ancien Casino qui fit la renommée de la ville.
Juste le temps d’un restaurant avec vue sur mer et d’une balade à pied. Avec toutefois une bonne surprise: une baleine un peu au large nous fait le spectacle pendant une heure: bonds hors de l’eau, elle exhibe sa tête, sa queue, ses nageoires, tout y passe. C’est un peu loin mais ça prouve que les baleines sont là et nous devrions les voir de plus près au sud.
Nous continuons notre route au milieu de la pampa, direction la Sierra de la Ventana ("montagne de la fenêtre"), ainsi nommée car à son sommet elle est percée ... de ce qui fait penser à une fenêtre.
Mais lors de l’arrêt du midi, surprise: la pédale d’embrayage reste au plancher, plus d’embrayage ! Vérifications, pas de fuite visible. Nous voilà bien embêtés, il ne reste plus qu’à utiliser la bonne vieille technique: moteur arrêté, passage en première, démarreur, Daou fait des petits bonds et démarre. Ensuite, passage des vitesses en douceur, à l’oreille et au doigté et surtout on ne s'arrête plus. Car il vaut mieux ne pas trop solliciter le démarreur pour bouger la maison, sinon, lui aussi va rendre l'âme. Nous avions déjà eu ce problème il y a 30 ans, mais avec notre 504 c’était facile (véhicule léger et boîte douce). Là, avec le poids d’une maison et une boîte neuve et ferme, c’est plus délicat. Mais bon, hormis deux passages ‘à craquements’ on y arrive.
Nous rejoignons la première ville, et au garage Fiat le chef d’atelier nous explique que ça vient du récepteur d’embrayage situé .... à l’intérieur. De toute façon il n’a pas de pont, pas de fosse, pas de pièces. Nous continuons donc jusqu’à Bahia Blanca. Un peu plus de 200 km sans embrayage, ça va sur la route, il suffit de ne jamais s’arrêter. Mais en ville, c’est plus compliqué, il faut anticiper les feux rouges, ne pas tenir compte des coups de klaxon de ceux qui trouvent qu’on ne va pas assez vite, etc....
On arrive finalement sans encombre au garage Fiat: atelier nickel, personnel sympa et compétent:
Ils confirment malheureusement le diagnostic: il faut déposer la boîte de vitesses ! Nous n’avons pas le choix, et malgré nos craintes (un démontage important sur un véhicule risque toujours d’engender des problèmes ultérieurement) il faut y aller. Le lendemain, après un démontage parfait par un mécano qui réfléchit avant d’agir et arrive à déposer la boîte en touchant au minimum de choses, nous voyons l’objet du délit: un roulement a cassé, le récepteur est mort.
Mais après recherches au garage, puis dans la ville, puis ailleurs, autre mauvaise nouvelle: pas de pièce disponible en Argentine. Ce que nous craignions au départ de France est arrivé. D’autant plus que l’Argentine, depuis plusieurs mois, a instauré des mesures protectionnistes, entre autres sur les pièces automobiles; nous craignons donc un blocage à la douane. Nous envisageons toutes les solutions, y compris celle du Chili où ce véhicule existe. Bien sûr nous sommes vendredi, veille d’un grand week-end (lundi est férié ici).
Nous passons trois jours à téléphoner et envoyer des méls un peu partout: garage en France, assistance, consul (très sympa), etc.... Heureusement que nous avons souscrit l’abonnement Skype ‘téléphone en France illimité’ (pub gratuite). Et nous nous installons à l’hôtel, alternant balades en ville, visites à l'Alliance Française, recherche et suivi "logistique".
Finalement nous nous faisons envoyer la pièce de France, en croisant les doigts; le lendemain elle arrive à Buenos Aires et passe une journée en formalités douanières; il nous faut alors payer les taxes d'importation, un peu plus de 60% de la valeur de la pièce ... et du port, la douane prenant en compte le total de la facture et pas seulement le prix de la pièce ! Avec le transport DHL et les taxes, la pièce a vu sa valeur multiplée par presque 5 ! Encore une journée et la pièce arrive à destination, juste à temps pour être montée avant le week-end.
Ouf ! nous pouvons enfin récupérer notre maison et notre liberté.
RépondreSupprimerBonjour
Je reçois vos mail avec toujours beaucoup de plaisir
Que de galères.......Mais quel beaux voyages!!!!
Votre disque dur(ds la tete)doit etre plein....
Je vous souhaite de voir beaucoup,beaucoup de baleines
Ici, RAS, Jamie a repris le travail hier, et ce matin départ pour BRIVE, et la semane prochaine STRASBOURG, bref la routine
Le poulailler est presque fini, je pense aller chercher les poules cette semaine...
Je ne sais pas si vs recevrez ce message, si oui dites le moi, et je continuerai
Gros bisous à vous deux
Chantale