Après notre sortie de Bolivie à rebondissements, nous n'avons pas de tampon de sortie, ce qui risque de poser problème si nous voulons y retourner. L’avenir le dira.
En tout cas l’entrée au Chili a été très simple, le jeune policier de la Migracion tamponnant nos passeports sans aucun contrôle, les douaniers n’en faisant pas plus, et le contrôle sanitaire étant aussi très limité.
Nous voilà donc à San Pedro de Atacama, avec une température très agréable le jour (nous ne sommes plus qu’à 2500 m et il fait toujours soleil). Malgré quelques maisons et mur en construction traditionnelle (adobe=pisé),
la ville ne présente pas d’intérêt particulier, mais est HYPER touristique. Des quantités de jeunes touristes occidentaux déambulent dans les ruelles qui regorgent de bars, restaurants, agences de voyage, boutiques de souvenirs ... et quasiment rien d’autre. Une seule station-service, en pleine ville, dans un cul-de-sac. Et alors que les routes menant à la ville sont toutes bitumées, les rues sont en terre et la ville baigne dans un nuage de poussière.
Tous ces touristes viennent en fait pour les environs, faisant des excursions vers une lagune, un geyser, les vallées «de la mort» et «de la lune»,
partant à vélo ou avec des planches de surf sur les dunes de sable, etc ........
Rien de bien passionnant pour nous, alors nous profitons du camping pour nettoyer Daou et faire un peu de mécanique,
puis passons quelques heures à la terrasse de la place centrale, le seul endroit non poussiéreux. Après quelques jours il est temps de lever le camp, direction l’Argentine via un long plateau à plus de 4600 m et le Paso de Jama à 4200 m.
Et c’est là que ça se gâte.
Jour 1
9h00 : il fait grand ciel bleu avec quelques nuages sur les sommets. Nous passons à la douane qui nous dit que le col est fermé. Comme celui à 200 km au sud, comme celui à 500 km encore plus au sud ! Nous demandons si ça peut se débloquer dans la journée, un répond «probablement», un autre est plus sceptique.
Nous ne sommes pas seuls à attendre, des poids-lourds (une dizaine) sont bloqués là.
12h00 : nous passons voir, rien de nouveau.
15h00 : nous re-passons, les poids-lourds sont toujours là, c’est raté pour aujourd’hui.
Jour 2
9h30 : passage à la douane, où on nous dit que ceux qui ont fait les papiers hier soir peuvent partir ! Ils n’auraient pas pu nous le dire que c’est le soir qu’il faut faire les papiers !
Comme ils précisent que les véhicules partent jusqu’à 10h on insiste et ils finissent par nous tamponner notre papier en précisant que nous serons les derniers.
Passage à la Migracion où une policière aimable comme une porte de prison dit que le col est fermé. Nous avons beau tenté de lui expliquer qu’il est ouvert et que des véhicules sont en train de rouler, elle s’en moque.
Retour à la douane où les douaniers haussent les épaules en disant qu’ils ne peuvent rien y faire.
-Y aura-t-il d’autres départs aujourd’hui ?
-Peut-être.
-Comment savoir ?
-Repassez plus tard.
-Quand ?
-Quand ?
-Quand vous voulez.
-Matin, après-midi, soir ????
-Quand vous voulez.
11h00, 13h00, 15h00 : nous repassons, à chaque fois réponse négative (en fait, nous ne le savons pas encore mais eux le savent, il n’y a pas d’autres départs que ceux du matin !) Et pendant tout ce temps, nous voyons le grand ciel bleu, pas un nuage sur les montagnes !
Mais la météo annonçant une dégradation pour les jours à venir, il faut absolument sortir d’ici rapidement si nous ne voulons pas y rester des semaines.
18h00 : nous savons désormais que c’est le soir que ça se passe et le guichet ouvrant à 19h00, nous sommes parmi les premiers à faire la queue pour être sûrs d’avoir notre laisser-passer.
19h00 : il y a environ 80 personnes et le policier explique qu’il attend un mail indiquant si le col est ouvert. Alors qu’il fait grand beau temps et pas un nuage à 100 km à la ronde !
20h00 : la garde-chiourme arrive, gesticule pour faire reculer tout le monde de deux mètres, rentre dans son bureau et tire le rideau !
20h30: pas de nouvelles, mais tout le monde voit le coup venir: le bureau fermant à 23:00, ils vont nous faire poireauter jusque là puis fermer !
21h00 : il fait froid, il y a désormais plus de 100 personnes à faire la queue dans la rue, les esprits commencent à s'échauffer. Quelques personnes frappent à la vitre, insistent, le ton monte, la garde-chiourme préfère fuir en laissant le jeune policier affronter la foule !
21h30 : ça commence à chauffer sérieusement, tout le monde en a marre, l’émeute approche.
22h00 : la garde-chiourme revient avec une douanière, explique que le fameux mail n’est pas arrivé, mais qu’exceptionnellement ils délivreront les autorisations demain matin 8h00 !
Super, les gens vont pouvoir passer une nuit glaciale dans leurs voitures ! Nous décidons nous aussi de camper là et installons Daou face aux bureaux.
Jour 3
6h00 : ne voulant pas laisser passer notre chance, nous nous levons de très bonne heure.
6h30 : nous sommes sur le trottoir, avec 15 autres personnes, à battre la semelle par une température proche de 0°C.
8h00 : il y a maintenant une centaine de personnes, le jour se lève, toujours grand ciel bleu sans nuages mais le policier arrive et annonce ... qu’il attend le mail !
8h30 : il y a environ 150 personnes, les tour-operators qui veulent emmener leurs touristes en Bolivie commencent à arriver, certains veulent passer devant, ça commence à jouer des coudes.
8h45 : le mail est arrivé ! Alleluia ! Mais le passage n’est ouvert que jusqu’à 10h00 !
8h55 : une seule personne est passée, la deuxième bloque le guichet depuis 5 minutes, ça commence à protester.
9h10 : nous avons notre tampon, on va vite à la douane rendre notre papier (déjà tamponné depuis hier) sans attendre quoi que ce soit, et on se sauve avant qu’ils ne changent d’avis !
Nous savons que seuls 20-30 personnes auront le précieux tampon, et que tous les autres devront continuer à affronter l’administration kafkaïenne, pardon chilienne, les jours à venir.
Et sur une route quasi-déserte nous découvrons qu’il n’y a que quatre zones de 100-200 m qui étaient enneigées et ont été déblayées.
Et encore ce n’est que de la neige soufflée par le vent dans les creux.Tout le reste est parfaitement sec !
De plus nous découvrons que l’explication donnée («départ du Chili jusqu’à 10h00, ensuite c’est le tour des argentins») est totalement farfelue car les argentins laissent passer tout le monde toute la journée, et nous croisons donc au détour d’un virage un camion alors que nous pensions ne rencontrer personne en face !
En fait tout doit se décider dans un bureau à Santiago ou Dieu sait où, par quelqu’un qui n’en a rien à faire, et les sous-fifres de San Pedro n’osent rien dire et attendent. Nous avons franchi pas mal de frontières, plus ou moins facilement, plus ou moins rapidement, mais la Migracion de San Pedro de Atacama est, et de très loin, la pire.
Heureusement, la route que nous avons eu tant de mal à emprunter est exceptionnelle et fait oublier la bêtise humaine.
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