En quittant la côte, nous quittons aussi la moiteur. En effet, la bande côtière du Brésil (au moins la partie sud que nous avons parcourue) est assez étroite et laisse vite la place à un paysage pré-montagneux.
Nous passons donc les jours suivants à monter et descendre, oscillant le plus souvent entre 800 et 1000 m.
L’altitude a un avantage c’est que l’humidité ambiante tombe vers 60-70% et si la température diurne reste aux alentours de 27-30°C, la nuit ça baisse. Du coucher du soleil à son lever, il fait frais (souvent 17°C, et même 13°C certains matins). Qu’il est agréable de devoir remettre un pantalon le soir ! Et les moustiques n’aimant pas l’altitude ni la fraîcheur, nous sommes tranquilles. Finis les répulsifs, les crèmes apaisantes et surtout les démangeaisons. Le bonheur !
Mais chaque médaille a son revers, et nous retrouvons la difficulté de la recherche du lieu de nuitée. Les routes sont longées de clôture, ou bien le bord de route est impraticable pour cause de relief. Encore une fois, pas d’autres solutions que d’aller en ville. Mais là ce n’est guère mieux: peu ou pas de parking utilisable, car les rares existants sont fermés, clôturés, gardés. Et le relief n’aide pas car le terrain plat est une denrée rare.
Ainsi à Teresopolis nous tournons une heure en vain. Il y a bien un terrain immense (plusieurs hectares) quasiment en pleine ville, avec pelouses, piscine, terrains de foot, tennis, parkings, etc,...... Mais c’est un ‘Clube’ privé, comme tout ici, et le gardien n’a aucunement l’intention de nous laisser entrer.
En désespoir de cause, nous optons pour le camping, et là nouvelle galère: les indications sont foireuses, et l’adresse que nous avons nous fait grimper une rue ‘à la brésilienne’, c’est-à-dire en pavé, pleines de trous et de bosses, et surtout avec un pente de 18% ! Après 800 m de torture pour Daou, nous re-descendons ...... et découvrons un panneau avec une autre adresse. Nous revoilà parti pour la même ascension dans la rue d’à-côté, et après encore 20’ de galère, de pavés, de chemin de terre, nous trouvons enfin le camping. Tarif 60 R$ (24€) ! Mais il est tard, nous n’avons pas le choix.
Heureusement le lendemain, en repartant à travers la montagne, nous sommes récompensés par de magnifiques paysages (et plus de 4000 m de montées cumulées ... et autant de descentes bien sûr).
Plus loin nous visitons les ‘villes historiques’ du Minas Gerais, état un peu plus grand que la France (et oui, c’est vraiment grand le Brésil). Et les noms par ici sont originaux car dans l’état du Minas Gerais (Mines Générales), nous passons dans les villes de Ouro Preto (Or Noir), Ouro Branco (Or Blanc), Tiradentes (Arracheur de dents, du nom d’un héros local), Belo Horizonte (devinez !), etc ......
Ces ‘villes historiques’ sont assez semblables : églises de style ‘baroque brésilien’ à tous les coins de rues,
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Ouro Preto, classée au Patrimoine mondial de l’humanité, est la plus étendue,
celle qui comporte le plus d’églises (entre 13 et 17 selon les sources), ....... et celle qui a les rues les plus en pente ! Après Buzios et Teresopolis nous pensions savoir ce qu’est une rue en pente, mais Ouro Preto les surpasse.
Et quand, le jour de notre arrivée, Agathe (Mme GPS) s’amuse à nous faire prendre un raccourci, nous nous trouvons face à un mur: rue pavée, défoncée, avec des trous, sur 200 m et à plus de 20% ! Et pas question de s’échapper, la rue fait juste la largeur d’un véhicule et les voitures se sont accumulées dans la chicane derrière, impossible de les faire reculer ! Seule solution, passer en force, en première, en essayant de ne surtout pas s’arrêter car le démarrage en côte serait totalement impossible. Daou passe, en geignant, en cognant, et nous souffrons avec lui.
Le lendemain, dans une autre rue, nous nous faisons encore piéger. Nous passons près d’une heure à pieds pour reconnaître les alentours et trouver une meilleure solution, en vain. Heureusement la remontée (vers l’église Sao Francisco de Paula)
sera finalement avalée facilement par Daou car elle est pavée correctement. Mais après ces mésaventures, nous laissons Daou sur le bitume et allons dans le centre ville à pieds ou en taxi. Il ne faut pas trop tenter la chance.
Et notre «reconnaissance» nous a permis de découvrir que les brésiliens peuvent faire pire: nous avons trouvé une rue en pente raide (15-20%), à voie unique, avec une chicane (virage à 90°, 50 m, virage à 90°), sans visibilité et à double sens !! Nous n’avons pas eu la patience d’attendre pour voir ce qui se passe en cas de rencontre mais ça doit vraiment être un spectacle.
Une petite visite dans la Mina da Pasagem, d’où des tonnes d’or ont été extraites du XVII° au XX° siècle. Rien à voir avec la mine d’or en exploitation que nous avions visitée en Afrique du sud (plus de 1000 m de profondeur) mais la descente sur un chariot bringuebalant est un à mi-chemin du grand-huit et du train fantôme.
Visite sympa, d’autant que nous sommes les seuls et que la guide parle tout-dou-ce-ment en articulant. Du coup nous comprenons, O miracle !
Autre miracle, le parking n’est pas fermé et nous pouvons y passer plusieurs nuits. Nous constatons alors que l’absence de terrain libre est un problème pour les locaux également. Il suffit de voir que celui-ci, pourtant petit, sert à ceux qui veulent faire leur footing. Ils tournent, et tournent, et tournent. Limité et monotone, mais au moins ils ne risquent pas de se faire écraser sur le bord de la route, seul endroit habituellement utilisable.
Et la nuit tombée ce sont les amoureux qui viennent.
Après une semaine à Ouro Preto-Mariana, nous rejoignons la BR-040, grand axe reliant Rio et Brasilia. Au début à 2x2 voies, en bon état mais très fréquentée, cette route cède la place, peu après Belo Horizonte, à une route simple.
Heureusement il y a beaucoup moins de trafic et les camions, qui représentent 80% des véhicules, peuvent être doublés assez facilement, du moins dans les côtes car dans les descentes la plupart se laissent aller, atteignant 110 km/h, voire plus. Et quand on voit la taille des camions (notre record: 30 m de long et 3,20 m de large), on se méfie. Voici un exemplaire "standard", soit 22,40 m.
La conduite est assez fatigante car, en plus des camions à doubler et à surveiller, il faut en permanence guetter le trou qui risque de faire des dégâts. Car même lorsque la route est bonne, il y a toujours des trous de-ci de-là, et parfois des «rails» creusés dans le bitume par les poids-LOURDS.
Après Belo Horizonte, et sur quelques dizaines de kilomètres, les ‘churrascarias’ se succèdent. Nous cédons à l’appel et faisons une halte «protéines». Le buffet d’entrée, de légumes, de plats en sauces met en appétit
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mais le choix parmi les innombrables viandes grillées n’est pas simple car il est impossible de tout goûter (au moins 20 différentes) et on ne comprend pas les noms énumérés par le préposé aux broches. Alors on fait comme les enfants, on montre du doigt !
Evidemment impossible de trouver un coin pour la nuit et nous devons nous résoudre, pour la première fois, à passer la nuit sur un des nombreux ‘postos’, stations-services ouvertes 24/24 offrant de nombreux services et très fréquentées par les routiers.
Mais il faut choisir la sienne avec soin, et nous finissons par en trouver une toute neuve près de Tres Marias, avec WiFi, douches gratuites, bar, restaurant, boutique souvenirs, lavage, parking immense, et une vue magnifique sur le lac en contrebas.
Nous nous plaçons au vent du parking, afin de ne pas recevoir la poussière soulevée par les camions, profitons de la douche, et alors que nous buvons un coup à la terrasse
un serveur, amoureux du français qu’il apprend, vient discuter un peu. Sympa.
un serveur, amoureux du français qu’il apprend, vient discuter un peu. Sympa.
Le lendemain, c'est sous la protection de Dieu,
que nous retrouvons la BR-040, et les kilomètres défilent de nouveau. Le paysage est plaisant, avec des collines plus ou moins prononcées, des cultures parsemées, et des fazendas. Rien de spécial mais pas monotone.
Contrairement à nos habitudes (mais il n’y a pas trop le choix), nous avalons 800 km en deux jours avant de nous arrêter à 70 km avant Brasilia dans un ‘posto’. Celui-ci semble parfait: tout bitumé, un parking VL loin de la route et où les camions ne viennent pas, donc plus calme, restaurant bon marché (12 R$ le buffet). Mais la perfection n’existe pas et une fois installés, une odeur nauséabonde flotte autour de nous ! Nous nous déplaçons sur le parking mais ici le bruit de la route est envahissante, là il y a le ‘borracharia’ (réparateur de pneu qui travaille 24/24), et là encore le seul camion-frigo du Brésil (et qui dit camion-frigo dit ... bruit du frigo). Nous revenons donc à l'emplacement initial, calme, et fermons tout !
Contrairement à nos habitudes (mais il n’y a pas trop le choix), nous avalons 800 km en deux jours avant de nous arrêter à 70 km avant Brasilia dans un ‘posto’. Celui-ci semble parfait: tout bitumé, un parking VL loin de la route et où les camions ne viennent pas, donc plus calme, restaurant bon marché (12 R$ le buffet). Mais la perfection n’existe pas et une fois installés, une odeur nauséabonde flotte autour de nous ! Nous nous déplaçons sur le parking mais ici le bruit de la route est envahissante, là il y a le ‘borracharia’ (réparateur de pneu qui travaille 24/24), et là encore le seul camion-frigo du Brésil (et qui dit camion-frigo dit ... bruit du frigo). Nous revenons donc à l'emplacement initial, calme, et fermons tout !
Et nous arrivons à Brasilia, «ville du futur» des années 60.
Première impression : nous avons l’impression d’être dans une BD futuriste des années 60-70,
d'autant plus que nous arrivons un samedi et les rues sont quasi-désertes et sans piétons.
Deuxième impression : il y a beaucoup de place, de parkings, de verdure,
de routes à 4 ou 6 voies, mais passé l’axe monumental, où se trouvent les grands monuments, les ‘quadras’ d’habitation semblent monotones, délabrés et serrés.
Troisième impression, après quelques jours sur place : il y a effectivement beaucoup de verdure (plus que dans n’importe quelle autre capitale), beaucoup de routes (et même trois 2x2 voies parallèles à 100 m l’une de l’autre !), beaucoup de parkings. Et l’organisation «carrée» est très pratique puisqu’après 2 jours, avec une adresse (du genre: ASA Norte 208-408) on sait où aller sans plan ni aide. Et les ‘quadras’ sont vivants et plus agréables que beaucoup de quartiers d’autres villes. De plus le lac offre de nombreux beaux points de vue et héberge toutes sortes d’activités.
Nous ne connaissons pas d’autre capitale où l’aéroport international et le circuit automobile se trouvent près du centre, où on circule si bien, où on se gare aussi facilement, où il y a un immense parc dans le centre (avec coins pique-nique, étang, fête foraine, parcours sportifs, ...),
et où il y a encore tellement de place dans le centre qu’on peut construire un nouveau stade de foot (pour la coupe du monde 2014) !
Et à Brasilia il n’y a pas de ‘lombadas,’ ces bosses infernales omniprésentes au Brésil, même dans les rues pavées , même au pied des côtes à 20%, bosses qui se cachent parfois dans l’ombre des arbres et qui font tellement ralentir qu’on est la plupart du temps obligé de les passer en première ! Une horreur !
Et l’axe monumental (‘eixo monumental’) est vraiment monumental, par sa taille (200 à 400 m de large sur 8 km de long), et par ses monuments. Et la vue depuis la tour de télévision permet d’embrasser toute la ville.
Et pour nous, nomades motorisés, c‘est le paradis. On peut aller partout et se garer où on veut facilement. Pour l’arrêt-déjeuner avec belle vue on n’a que l’embarras du choix. On peut rouler doucement, pour profiter du spectacle ou chercher sa route, sans problème puisqu’il y a toujours plusieurs voies pour les autres. Et pour la nuit les endroits possibles sont innombrables, à croire que tous les parkings que le Brésil n’a pas ailleurs sont concentrés à Brasilia ! Même si nous optons pour le camping (à l’Auberge de Jeunesse) car c’est grand, en herbe, calme, près du centre. Onéreux au départ (ils ont beaucoup augmenté le tarif ces dernières années) mais en marchandant on passe de 60 à 40 R$. Et dans un camping il est plus facile de bricoler tranquille, car il y a toujours un peu de maintenance à faire.
Et on peut utiliser la liaison WiFi pour publier cet article !
Mais en voyant les avions (petits monomoteurs) nous survoler et se poser juste à côté sur la petite piste proche de l’autodrome, une envie nous prend: pourquoi ne pas voir Brasilia d’en haut ? Aussitôt dit, aussitôt fait, et une heure plus tard nous survolons cette ville si particulière,
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assis dans un superbe engin piloté par Edgar, instructeur aux 17000 heures de vol qui vit à Brasilia depuis 50 ans. Magnifique. Tout est toujours plus beau vu du ciel.
Et les jours passent, nous repoussons le départ chaque jour, car nous sommes bien à Brasilia: soleil le jour, fraîcheur la nuit; tous les magasins pour acheter les bricoles que nous cherchions en vain depuis des semaines; toujours des nouveaux coins à découvrir; petit passage à l’Alliance Française pour un échange de livres; passage à l’Ambassade pour récupérer un paquet et avoir des infos (toujours sympas les personnels des Ambassades de France, merci à eux); consultation internet pour préparer l’itinéraire des prochaines semaines.
Bref le temps passe vite et agréablement dans cette ville qui ne peut laisser indifférent. Beaucoup de route pour y arriver, mais ça valait le coup.
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RépondreSupprimerVotre blog est très intéressant et vous nous donnez envie de partir, bravo !!
Nous avons passé 2 jours à Brasília et nous avons beaucoup apprécié cette ville. J’espère que vous êtes allés voir le Sanctuàrio Dom Bosco.Le dimanche c'est pareil, certains grands axes routiers sont fermés à la circulation et les gens en profitent pour faire du vélo, du roller ou de la course en plein dans la ville.
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